Perches à selfies: les autorités sud-coréennes s'alarment

Le selfie s'est démocratisé jusqu'à devenir un nouvel argument de vente pour smartphones et accessoires. Pour les autorités de Corée du Sud , la perche à selfie par Bluetooth pose problème.

Ils prolifèrent sur le pont des Arts à Paris, à la Tour Effeil et un peu partout dans le monde: les touristes à selfie. On parle ici du vrai touriste à selfie, celui qui industrialise cette pratique popularisée en 2013, et qui ne voyage jamais sans sa perche, l'instrument indispensable à tout autoportrait avec vue en arrière-plan.

Face à la prolifération des perches à selfies équipées de Bluebooth, et qui émettent ainsi des ondes électromagnétiques, la Corée du Sud a décidé de sévir. Au pays de Samsung, les vendeurs d'articles non homologués risquent désormais de se prendre en photo... en prison.

Prison et 20.000 euros d'amende 

Trois ans de réclusion et 30 millions de wons, soit 22.000 euros d'amende: le ministère sud-coréen des Sciences et des technologies n'y est pas allé de main morte.

"Ce n'est pas que les perches soient particulièrement néfastes mais ce sont des appareils de télécommunication et nous devons faire sortir du circuit ceux qui n'ont pas reçu de certification", explique un responsable du Bureau central de gestion des émissions radio au ministère.

Une perche télescopique permet à un individu ou à un groupe de se prendre en photo dans un cadre élargi. Le smartphone est placé au bout de la canne et son appareil photo intégré est déclenché par une fonction de retardement ou une commande "Bluetooth".

Le problème, selon le régulateur, est que cette technologie sans fil émet des ondes et représente donc un danger sanitaire potentiel, malgré sa portée limitée.

Le selfie, d'Oxford au Petit Robert 

L'annonce du ministère, pour spectaculaire qu'elle soit, est largement symbolique. "Il s'agissait simplement de dire aux gens qu'ils doivent se montrer vigilants sur la nature des articles qu'ils vendent", poursuit le responsable.

A Séoul, les vendeurs en question semblent prendre la nouvelle avec force sérénité. "Mes perches sont homologuées, je n'ai aucun problème avec la police", assure l'un d'eux près d'une station de métro dans le quartier touristique de Myeongdong. "Mais je sais que de grosses boutiques vont se débarrasser d'une partie de leur stock non déclaré".

Une perche d'entrée de gamme est vendue autour de 4 euros, une canne "Bluetooth" environ cinq fois plus. Le terme "selfie" a fait son entrée l'an dernier dans le très sérieux dictionnaire britannique Oxford et figure parmi les mots nouveaux accueillis en 2015 par le Petit Robert de la langue française dans son édition 2015.

Marc Pédeau avec AFP