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Pas d'annonce de BP sur l'état du colmatage avant 24 à 48h

Capture d'écran d'une vidéo diffusée par BP montrant le déroulement de la procédure de colmatage d'un puits pétrolier dans le golfe du Mexique. Selon le groupe pétrolier, il faudra encore sans doute attendre 24 à 48 heures avant de savoir si cette procédu

Capture d'écran d'une vidéo diffusée par BP montrant le déroulement de la procédure de colmatage d'un puits pétrolier dans le golfe du Mexique. Selon le groupe pétrolier, il faudra encore sans doute attendre 24 à 48 heures avant de savoir si cette procédu - -

par Ed Stoddard et Jeff Mason WASHINGTON - Le groupe pétrolier BP a fait savoir jeudi qu'il faudrait sans doute attendre 24 à 48 heures avant de...

par Ed Stoddard et Jeff Mason

WASHINGTON (Reuters) - Le groupe pétrolier BP a fait savoir jeudi qu'il faudrait sans doute attendre 24 à 48 heures avant de savoir si son opération de colmatage du puits à l'origine de la marée noire du golfe du Mexique était ou non couronnée de succès.

Sans attendre du nouveau du côté des opérations de colmatage, le président Barack Obama, qui doit effectuer vendredi une nouvelle visite sur les plages souillées du golfe du Mexique, a tenté de reprendre la main en tenant une conférence de presse à Washington.

Il a souligné notamment que BP, qui exploitait la plate-forme dont l'explosion le 20 avril a déclenché la marée noire, serait tenu responsable et devrait payer tous les frais.

L'opération "top kill", entamée mercredi à 18h00 GMT, consiste à injecter des boues lourdes à l'intérieur du puits, après quoi il importera de couler dessus une chape de ciment. C'est la première fois que pareille opération est menée à une telle profondeur - 1.600 mètres - et BP estimait mercredi entre 60 à 70% les chances de succès.

L'amiral Thad Allen de la garde-côtes américaines a déclaré de son côté jeudi que le pétrole avait cessé de s'écouler du puits accidenté.

Selon le directeur des opérations de BP, Robert Dudley, BP a un "plan B" en cas d'échec de "top kill". Il consisterait à installer un dispositif de confinement sur le sommet du bloc obturateur du puits.

Le gouvernement américain exerce d'intenses pressions sur la compagnie britannique pour qu'elle mette fin rapidement à ce qui risque de devenir une catastrophe écologique sans précédent aux Etats-Unis, où elle suscite une tempête politique.

La pression ne va pas manquer de grandir encore après la publication par l'administration américaine, jeudi, de chiffres traduisant une catastrophe bien plus ample que ce que dit BP.

Selon des experts de Washington, la quantité de pétrole qui s'échappe quotidiennement du puits accidenté est quatre à cinq fois plus importante que les 5.000 barils annoncés par le groupe pétrolier. Et cela fait désormais plus d'un mois que le pétrole s'écoule. A titre de comparaison, l'Exxon Valdez échoué en 1989 sur un récif du Prince William Sound, en Alaska, avait laissé s'écouler dans la mer 260.000 barils (41,3 millions de barils) au total.

De plus, 160 km de côtes sont désormais souillés, sur un total de 644.

PLAIDOYER POUR LES ÉNERGIES "PROPRES"

Barack Obama a confirmé au cours de sa conférence de presse qu'il prorogeait de six mois le moratoire sur les permis de prospection pétrolière en mer, le temps qu'une commission indépendante rende ses conclusions sur les origines de la marée noire.

Parlant d'une "catastrophe sans précédent", le président a décidé ainsi la suspension des activités de prospection prévues au large de l'Alaska, retiré une concession prévue au large de la Virginie ainsi qu'une autre dans le golfe du Mexique.

Il a balayé d'autre part les critiques voulant que, depuis le début de la catastrophe, le gouvernement fédéral serait resté les bras croisés en laissant tout faire à BP.

"Les Américains doivent savoir que depuis le début de cette catastrophe, c'est le gouvernement fédéral qui dirige les efforts de lutte (contre la marée noire)", a-t-il assuré. Ainsi, a-t-il estimé : "A mon avis, nous devons vérifier tout ce qu'ils (les dirigeants de BP) déclarent à propos des dégâts."

Les forages pétroliers en mer sont un volet essentiel des efforts d'Obama pour refondre la politique énergétique des Etats-Unis. Mais cette marée noire le contraint, lui et ses amis démocrates, à repenser leur soutien au développement des forages en mer, auquel de nombreux défenseurs de l'environnement s'opposent.

Obama a fait valoir qu'il importait de réformer les procédures d'octroi des permis de forage. Les services de gestion des ressources minérales, chargés de la prospection pétrolière aux Etats-Unis, ont pâti d'une promiscuité "scandaleusement grande" avec l'industrie pétrolière, a-t-il accusé.

La directrice de cette agence, Liz Birnbaum, a d'ailleurs présenté sa démission, a annoncé le secrétaire à l'Intérieur, Ken Salazar.

La situation actuelle, a estimé Obama en conclusion de sa conférence de presse, rappelle la nécessité de soumettre au Congrès une loi sur la politique énergétique, ainsi que celle de développer le secteur des énergies "propres".

Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français