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Pas d'accord en vue à Nagoya sur la biodiversité

Les ministres de l'Environnement de plus de 200 pays, dont le Japonais Ryu Matsamoto (photo) qui préside les débats, sont toujours divisés sur les objectifs à atteindre dans la lutte contre l'extinction d'espèces animales et végétales. /Photo prise le 29

Les ministres de l'Environnement de plus de 200 pays, dont le Japonais Ryu Matsamoto (photo) qui préside les débats, sont toujours divisés sur les objectifs à atteindre dans la lutte contre l'extinction d'espèces animales et végétales. /Photo prise le 29 - -

par Chisa Fujioka et David Fogarty NAGOYA, Japon (Reuters) - Les ministres de l'Environnement de plus de 200 pays réunis pour sceller un accord sur...

par Chisa Fujioka et David Fogarty

NAGOYA, Japon (Reuters) - Les ministres de l'Environnement de plus de 200 pays réunis pour sceller un accord sur la protection des écosystèmes sont toujours divisés sur les objectifs à atteindre dans la lutte contre l'extinction d'espèces animales et végétales.

Des délégations débattent à Nagoya, au Japon, depuis deux semaines dans le cadre d'une conférence des Nations unies sur la biodiversité qui vise à fixer des objectifs quantitatifs pour préserver les océans, des forêts et des cours d'eau.

Selon les experts, le rythme actuel d'extinction des espèces est sans précédent depuis la disparition des dinosaures il y a 65 millions d'années.

Cette réunion a lieu à quelques semaines de la conférence de l'Onu sur les changements climatiques, prévue du 29 novembre au 10 décembre à Cancun, au Mexique.

Elle devait permettre aux Etats et entreprises de prendre des mesures fortes pour protéger des écosystèmes longtemps négligés mais essentiels pour l'activité humaine, qu'il s'agisse de l'alimentation, de l'eau, du tourisme ou de l'industrie.

Les enjeux en termes de ressources portent sur des milliards de dollars.

Mais les délégués présents à Nagoya restent divisés sur le niveau d'ambition des objectifs à définir et n'ont pas réussi à s'accorder sur une "réduction significative" de la dégradation de la biodiversité d'ici 2010.

RISQUE D'ÉCHEC TOTAL

Un plan en vingt points sur la protection des stocks de poissons, la lutte contre la disparition ou la dégradation des habitats naturels et la conservation de vastes zones marines ou terrestres a été établi, mais les discussions ont achoppé sur les objectifs chiffrés et le vocabulaire.

"Le monde s'éveille enfin à la biodiversité. Ces difficultés sont le signe que le monde prend désormais la biodiversité au sérieux", a estimé Jane Smart, chargée de la question de la protection des espèces à l'Union internationale pour la conservation de la nature.

Les pays en développement ont refusé d'adopter des objectifs à l'horizon 2020 sans qu'il y ait en parallèle un accord sur un nouveau protocole relatif au partage des bénéfices que les entreprises, pharmaceutiques notamment, tirent de l'exploitation de leurs ressources.

Ce protocole permettrait de débloquer des milliards de dollars pour les pays en développement, mais les gouvernements ne parviennent pas à s'entendre sur un cadre ni sur les moyens de déterminer l'origine d'une ressource génétique.

"Si vous ne ratifiez pas, si vous n'êtes pas prêts à partager les bénéfices, alors il n'y aura pas d'accès", a prévenu Tove Ryding, conseiller de Greenpeace sur la biodiversité et les changements climatiques.

"Cela signifie que l'industrie pharmaceutique ne pourra pas aller trouver de nouveaux produits dans les forêts tropicales", a-t-il ajouté.

Certaines entreprises s'inquiètent des surcoûts que pourrait engendrer ce protocole et redoutent en outre des procédures plus complexes notamment pour les demandes de brevets, deux éléments susceptibles de mettre un frein à l'innovation.

Le ministre japonais de l'Environnement, Ryu Matsamoto, qui préside les débats, a assuré que les gouvernements continuaient de travailler pour trouver un accord.

"Chacun dit vouloir aboutir à un accord pour ne pas repartir de Nagoya les mains vides", a-t-il dit à la presse.

Marine Pennetier et Grégory Blachier pour le service français, édité par Gilles Trequesser