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Ouattara tente de s'installer malgré le face-à-face militaire

Reconnu vainqueur de l'élection présidentielle de novembre par les Nations unies, Alassane Ouattara, ici en décembre dernier, est intervenu jeudi soir à la télévision pour promettre la sécurité aux habitants de la capitale économique du pays, où ses Force

Reconnu vainqueur de l'élection présidentielle de novembre par les Nations unies, Alassane Ouattara, ici en décembre dernier, est intervenu jeudi soir à la télévision pour promettre la sécurité aux habitants de la capitale économique du pays, où ses Force - -

par Mark John et Ange Aboa ABIDJAN (Reuters) - Alassane Ouattara a entrepris de s'installer dans les habits de président de la Côte d'Ivoire et de...

par Mark John et Ange Aboa

ABIDJAN (Reuters) - Alassane Ouattara a entrepris de s'installer dans les habits de président de la Côte d'Ivoire et de rétablir un semblant de normalité dans son pays malgré la poursuite du face-à-face militaire autour de la résidence de Laurent Gbagbo à Abidjan.

Reconnu vainqueur de l'élection présidentielle de novembre par les Nations unies, Alassane Ouattara est intervenu jeudi soir à la télévision pour promettre la sécurité aux habitants de la capitale économique du pays, où ses Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) sont arrivées une semaine plus tôt au terme d'une offensive éclair.

Il a annoncé l'instauration d'un périmètre de sécurité autour de la résidence de Laurent Gbagbo, dans laquelle le président sortant, qui refuse de céder le pouvoir, est retranché avec des proches et des hommes armés.

Se présentant comme "le président de tous les Ivoiriens", il a aussi exigé de ses partisans qu'ils ne commettent aucune violence sous peine d'être punis.

Pour remettre la Côte d'Ivoire en état de marche, Alassane Ouattara a demandé la levée des sanctions de l'Union européenne contre les ports d'Abidjan et de San Pedro et la reprise des activités de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest afin de permettre le versement des salaires. L'UE comme les pays d'Afrique de l'Ouest le soutiennent.

"Une crise sécuritaire et humanitaire grave est en cours à Abidjan", a déclaré Alassane Ouattara.

"Afin de mettre un terme à vos souffrances quotidiennes, j'ai demandé au gouvernement de prendre des mesures pour assurer la sécurité de la population", a-t-il ajouté, accusant "des miliciens et des mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo (d'avoir) instauré un climat de terreur à Abidjan".

COMMISSION D'ENQUÊTE

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a déclaré que Laurent Gbagbo était retranché avec "ses derniers défenseurs" et qu'il disposait encore d'un millier d'hommes, dont 200 à sa résidence. Parmi eux figurent des membres de la Garde républicaine et de jeunes miliciens munis d'armes lourdes.

Un porte-parole de l'Onu à Abidjan a déclaré que l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) avait dépêché des soldats dans le quartier de Cocody, où se trouve la résidence de Laurent Gbagbo, mais qu'elle n'avait pas l'intention d'intervenir.

Les efforts militaires et diplomatiques pour déloger Laurent Gbagbo ont tous échoué depuis l'arrivée à Abidjan des FRCI.

Alassane Ouattara, qui, selon son porte-parole, a donné l'ordre de ne pas tuer son adversaire, a demandé à son armée de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l'ordre, la sécurité des personnes et des biens et les approvisionnements en nourriture sur les marchés et en médicaments dans les hôpitaux.

Alors que des soupçons d'exactions pèsent sur les FRCI, Alassane Ouattara a appelé ses partisans "à être exemplaires dans leur comportement et à s'abstenir de tout crime, de toutes violences contre les populations ou de tout acte de pillage".

"La lumière sera faite sur tous les massacres et tous les crimes, que nous condamnons avec la plus grande fermeté", a-t-il dit.

"Nous avons constitué une commission nationale d'enquête, dont les résultats seront rendus publics", a-t-il poursuivi.

"Toutes les dispositions seront prises pour permettre une coopération exemplaire avec les juridictions internationales pour (...) juger les auteurs de ces agissements inqualifiables."

"Les auteurs des crimes seront lourdement sanctionnés", a-t-il promis.

Reportée à plusieurs reprises, l'élection présidentielle de 2010 était censée permettre au pays de retrouver son unité après la guerre civile de 2002-2003. Les violences post-électorales ont entraîné plus de 1.500 morts.

Avec Loucoumane Coulibaly à Abidjan; Henri-Pierre André et Bertrand Boucey pour le service français