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"On était terrorisés: le périple des familles arméniennes, en plein exode forcé depuis le Haut-Karabagh

En quelques jours, environ 99.000 personnes, soit plus de 80% des 120.000 habitants officiels du territoire, ont du fuir.

Un exode massif et un nettoyage ethnique redouté. Vendredi soir, l'enclave du Haut-Karabagh s'était quasiment vidée de ses habitants arméniens au lendemain de l'annonce de la spectaculaire dissolution de la république séparatiste autoproclamée et malgré les appels de l'Azerbaïdjan à rester. L'ONU a annoncé l'envoi ce week-end d'une mission sur place pour évaluer principalement les besoins humanitaires, alors que l'organisation n'avait pas eu accès à cette région "depuis environ 30 ans".

À la frontière arménienne, au milieu de la confusion et du chaos, ce sont plusieurs centaines d'Arméniens qui se massent, parfois au terme d'un voyage en bus de plusieurs dizaines d'heures. Un départ sous la contrainte et la menace pour cette famille de plusieurs dizaines d'individus.

"Hier matin quand on a pris le bus, les azerbaïdjanais nous ont entourés, ils faisaient des gestes nationalistes hostiles avec leurs mains. On était terrorisés", dit la grand-mère à BFMTV.

80% des Arméniens ont quitté le territoire

Parmi les exilés de cette même famille; Mariné, qui a du fuir Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh, avec ses huit enfants dont la dernière âgée de sept jours seulement. Partie dans la précipitation, la famille manque de tout pour s'occuper du nourrisson.

"Le docteur a dit de nettoyer le nombril de notre bébé, mais on a nul part ou le faire. Qu'est-ce que je peux faire?", alarme-t-elle face à notre caméra.

Sur place, Mariné peut heureusement compter sur des bénévoles, médecins ou aide humanitaire, qui sont présents pour venir en aide. "On essaie de rattraper ce qui n'a pas été fait", explique l'un d'entre eux, Levon Khachatryan, un médecin franco arménien membre de l'association Lumière française.

Pour la doyenne de la famille, Frida, cet exode forcé est un retour dans les heures les plus sombres de son existence. "Comment je pourrais me sentir en ce moment? Je suis née en 1942 avec la Seconde guerre mondiale, j'ai bien peur de mourir avec la guerre de nouveau", dit-elle.

Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de l'offensive militaire victorieuse de Bakou, qui a conduit les séparatistes à capituler le 20 septembre. Les combats eux-mêmes ont tué environ 200 soldats dans chaque camp.

En quelques jours, environ 99.000 personnes, soit plus de 80% des 120.000 habitants officiels du territoire, ont quitté leur foyer, selon le dernier décompte d'Erevan cité par l'agence russe Interfax.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV