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Nouvelle-Zélande: un concours de chasse aux chats errants pour enfants annulé après une polémique

Chat errant. (Photo d'illustration)

Chat errant. (Photo d'illustration) - MANDEL NGAN / AFP

Selon les règles de la compétition, des enfants de 14 ans ou moins étaient encouragés à tuer le plus de chats errants possible avant la fin juin, pour une récompense de 140 euros. La Nouvelle-Zélande est confrontée à une surpopulation féline.

Ils avaient jusqu'à fin juin pour tuer le plus de chats errants. En Nouvelle-Zélande, un concours à destination d'enfants âgés de 14 ans ou moins a été annulé, après avoir causé la colère de nombreux habitants de l'île, mais également d'associations de défense des animaux.

Organisé dans le village de Canterbury, le concours était rattaché à une levée de fonds pour l'école locale qui a lieu tous les ans dans cette communauté. L'objectif? Protéger la faune sauvage, menacée par les félins.

Une récompense de 141 euros

Selon les règles dévoilées le 14 avril, chaque enfant âgé de 14 ans ou moins pouvait prendre part à la compétition. L'objectif était de tuer le plus de chats errants jusqu'à la fin juin, avec comme récompense 250 dollars néo-zélandais (141 euros). Tout en précisant que les enfants devaient se conformer à la loi sur le port des armes ainsi que sur le bien-être animal.

Mais l'âge des participants, ainsi que l'objectif de tuer le plus d'animaux possible, a causé colère et incompréhension parmi certains habitants de l'île du Pacifique. La société néo-zélandaise pour la prévention de la cruauté envers les animaux avait exprimé ses craintes, estimant que "les enfants, ainsi que les adultes, ne seront pas en mesure de faire la différence entre un chat sauvage, errant ou domestique", a rapporté CNN.

"Il y a de bonnes chances que l'animal de quelqu'un soit tué durant cet événement. De plus, les enfants utilisent la plupart du temps des armes à air comprimé, ce qui peut augmenter le stress des animaux mais également prolonger leur mort", avait poursuivi l'association.

L'objectif? Protéger la faune sauvage

Et les précautions initialement prises par les organisateurs, indiquant que chaque enfant ramenant le cadavre d'un chat équipé d'une puce serait disqualifié, n'ont pas convaincu les opposants au projet.

Le 17 avril, les organisateurs du concours de chasse de "North Canterbury" ont donc finalement retiré cette catégorie de leur levée de fonds. Sur Facebook, ils ont tenu à dénoncer "des emails et des messages mal-intentionnés et inappropriés envoyés à l'école et à d'autres personnes concernées".

"La sécurité de nos sponsors et de l'école reste notre priorité principale, la décision a donc été prise de retirer cette catégorie pour cette année afin de ne pas nourrir les critiques. Nous sommes déçus et présentons nos excuses auprès de ceux qui comptaient prendre part à une initiative visant à protéger les oiseaux sauvages, et d'autres espèces vulnérables", ont-ils continué.

Auprès du New Zealand Herald, le spécialiste Craig Gillies a assuré qu'il n'existait aucune différence physique véritable entre les chats errants et les chats domestiques.

Le vice-président pour l'Asie de la Peta, une association de défense des animaux, a lui estimé qu'"encourager des enfants à tuer des animaux est un moyen d'en faire des adultes qui utilisent la violence pour régler leurs problèmes".

Surpopulation féline

L'organisation d'une telle compétition peut s'expliquer par la multiplication de la population de chats errants en Nouvelle-Zélande, à l'image de ce qu'il se passe en Australie voisine. Dans les deux pays d'Océanie, les félins sont accusés de mettre en danger les espèces locales. En 2019, le gouvernement australien avait annoncé sa volonté de tuer 2 millions de chats errants.

En Nouvelle-Zélande, afin de lutter contre la population féline endémique, des campagnes, moins radicales qu'un concours d'abattage, ont déjà eu lieu par le passé. Les habitants de l'île avaient notamment été encouragés à ne pas remplacer leur chat domestique mort. 1,2 million de chats domestiques vivraient actuellement en Nouvelle-Zélande, et près du double de chats errants.

Auprès de Radio New Zealand, la consultante en biosécurité Boffa Miskell a assuré que les chats errants sont responsables sur l'île de l'extinction de six espèces d'oiseaux, et s'en prennent sans merci aux chauves-souris, grenouilles et lézards.

Jules Fresard