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Nouvelle-Zélande

Le gang de violeurs qui met la Nouvelle-Zélande en émoi

Joseph Lavell Parker et Beraiah Hales, deux membres du gang "Roast Busters", qui sévissait sur Facebook.

Joseph Lavell Parker et Beraiah Hales, deux membres du gang "Roast Busters", qui sévissait sur Facebook. - -

Un reportage diffusé à la télévision néo-zélandaise a mis en évidence l'existence d'un groupe de jeunes violeurs, mineurs, qui piégeaient leurs victimes via Facebook et publiaient ensuite des vidéos des viols sur Internet. Ayant tardé à agir, la police est pointée du doigt dans cette affaire.

La Nouvelle-Zélande est sous le choc après la diffusion d'un reportage révélant l'existence d'un gang de jeunes violeurs qui s'attaquait à de très jeunes filles et qui a sévit pendant plusieurs années, via les réseaux sociaux. Un reportage à la suite duquel la justice a ordonné, jeudi, l'ouverture d'une enquête sur les manquements supposés de la police dans cette affaire.

Viols en groupe filmés et postés sur Facebook

Ce groupe, basé à Auckland et composé principalement de jeunes âgés de 17 et 18 ans, rencontrait ses proies par l'intermédiaire de Facebook, où il postait ensuite, sur une page dédiée nommée "Roast Busters" ("les chasseurs de gang-bang", en français), supprimée depuis, ses commentaires et des vidéo racontant les exploits de ses membres, tout en humiliant les victimes.

Après avoir séduit les très jeunes filles -certaines des victimes n'avaient que 13 ans- sur Internet, les adolescents leur donnaient rendez-vous, puis les faisaient boire, pour ensuite avoir des relations sexuelles en groupe avec elles. Les viols étaient filmés puis postés sur la page Facebook.

Selon un membre du groupe de prévention des viols, intervenant qur Radio New Zealand, l'idée n'était pas seulement de forcer ces jeunes filles à avoir des relations sexuelles, mais aussi de les humilier.

La police au courant depuis deux ans

L'opinion publique a notamment été bouleversée d'apprendre que la police avait été prévenue des faits dès 2011 et que de nouveaux viols auraient pu être évités ces deux dernières années. La semaine dernière, la police avait en effet indiqué être au courant des activités de ce groupe depuis deux ans, sans toutefois pouvoir agir, faute de témoignages, les victimes n'osant pas porter plainte. "Aucune des filles n’a été assez courageuse pour porter plainte", avait ainsi justifié la police.

Mais le reportage diffusé dimanche sur la chaîne TV3 est venu remettre en question ces versions des faits par les forces de l'ordre, en indiquant que quatre jeunes victimes avaient bel et bien porté plainte, dont certaines dès 2011.

Interviewée mercredi soir, une des plaignantes a rapporté que la police ne semblait pas la prendre au sérieux et l'avait critiquée pour avoir porté une jupe lors du rendez-vous avec le jeune homme rencontré sur Facebook. "Ils ont dit que je n'avais pas assez de preuves et que j'étais habillée d'une manière qui en gros incitait" au viol, a ainsi déclaré la jeune fille, âgée de 13 ans au moment des faits.

Une affaire "très mal gérée"

Après la diffusion de ce témoignage, le porte-parole de la police, Peter Marshall, a été contraint de reconnaître que des plaintes avaient effectivement été déposées. "Cette jeune fille a déposé une plainte très claire en 2011. Elle était avec sa mère et une bénévole de l'aide sociale. Après cette plainte, nous avons enquêté et interrogé plusieurs personnes, dont les suspects. Mais il n’y avait pas assez de preuves", a-t-il indiqué au Campbell Live, une émission de la chaîne TV3.

La ministre de la Police, Anne Tolley, a reconnu que l'affaire a été "très mal gérée" par la police, et a demandé au régulateur des forces de police d'ouvrir une enquête.

De son côté, le Premier ministre néo-zélandais John Key a qualifié les actes des jeunes garçons d'"ignobles". Il a cependant souligné, en début de semaine, qu'il est difficile de les poursuivre en raison de l'absence de preuves. Dans une nouvelle déclaration, jeudi, John Key a déclaré, devant le parlement, que l'attitude de la police était "loin de ce que l'on est en droit d'attendre".

Adrienne Sigel et avec AFP