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Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande cherche 120m² de peau pour traiter les victimes du volcan

Vue aérienne de soldats d'élite néo-zélandais durant l'opération visant à récupérer les corps restés sur le volcan de White Island, le 13 décembre 2019

Vue aérienne de soldats d'élite néo-zélandais durant l'opération visant à récupérer les corps restés sur le volcan de White Island, le 13 décembre 2019 - Handout / NEW ZEALAND DEFENCE FORCE / AFP

Au moins 16 personnes sont mortes et 28 ont été blessées lors de l'éruption du volcan de White Island, ce lundi en Nouvelle-Zélande. La majorité des blessés souffrent de graves brûlures pouvant aller jusqu'aux organes internes et nécessitent des greffes de peau.

Le lundi 9 décembre, une importante éruption a eu lieu sur le volcan néo-zélandais de White Island, où se trouvaient à ce moment-là 47 touristes et guides. Au moins 16 personnes sont mortes et 28 ont été blessées, dont au moins 20 personnes actuellement hospitalisées dans un état critique, selon le dernier bilan des autorités.

Des moyens considérables sont actuellement déployés pour sauver ces survivants, dans leur majorité gravement brûlés et qui nécessitent d'importantes greffes de peau. Les Etats-Unis ont notamment envoyé de la peau en vue de ces greffes, tandis que des victimes sont rapatriées en Australie afin d'y être soignées.

Des brûlures allant jusqu'aux deux-tiers des corps

Les personnes hospitalisées souffrent de graves brûlures, dont certaines sur plus des deux tiers de leur corps, avec dans certains cas des organes internes également brûlés. Plusieurs patients sont dans le coma, selon le New Zealand Herald, qui a publié ce vendredi un décompte des personnes mortes, disparues et blessées. Beaucoup d'entre eux souffrent de brûlures respiratoires, et sont sous assistance respiratoire, selon des responsables médicaux, indique CNN.

Pete Watson, porte-parole du ministère néo-zélandais de la Santé, a indiqué que la nature des brûlures a été aggravée par les gaz et les produits chimiques qui se sont dégagés lors de l'éruption. "Cela a nécessité un traitement chirurgical rapide de ces brûlures, ce qui n'est généralement pas le cas lorsqu'il s'agit de brûlures uniquement thermiques", a-t-il expliqué. 

En plus des gaz et des produits chimiques, les personnes présentes sur le volcan ont pu être blessées par des débris rocheux très chauds. Les greffes de peau - qui consistent à prélever de la peau saine sur le corps de la victime ou d'un donneur - sont l'un des traitements les plus importants pour les personnes souffrant de brûlures. La peau appliquée agit comme un pansement et aide à guérir les plaies et à stopper les infections. 

120 mètres carrés de peau importés par le pays

Les autorités néo-zélandaises ont lancé un appel aux banques de tissus cutanés de l'Australie et des Etats-Unis, demandant au total près de 120 mètres carré de peau, l'équivalent du quart d'un terrain de basket, selon la chaîne américaine CNN. La surface de peau sur un corps humain va d'un mètre à deux mètres carrés en moyenne. Dans le cas des banques de tissus, la peau provient de donneurs décédés, des donneurs d'organes ou des personnes ayant anticipé d'être des donneurs de peau après leur mort. Selon le site de don du gouvernement australien, une fine couche de peau est prélevée, généralement sur le dos ou la partie arrière des jambes.

Sept Australiens survivants ont été rapatriés par avion militaire et six autres devraient également rentrer au cours des 24 prochaines heures. L'Australie possède trois banques de tissus cutanés provenant de donneurs qui sont envoyés dans les services de grands brûlés.

Selon Stefan Poniatowski, qui dirige l'une de ces banques de tissus, il existe "toujours" une pénurie de peau de donneurs. Des catastrophes majeures comme celle de White Island ne font qu'aggraver ce problème. "La plus grande partie de la peau est utilisée pour (les victimes) d'incendies de maison, de voiture, etc... donc quand d'importants événements se produisent, le système est mis à rude épreuve", a-t-il expliqué.

La peau de donneurs, une solution de "dernier recours"

Utiliser la peau provenant de donneurs décédés est un dernier recours. L'idéal est de prendre la partie saine de la peau d'un patient pour la greffer sur la zone brûlée, selon le docteur Poniatowski. Mais cette solution idéale n'est pas possible sur les patients souffrant de brûlures sur plus de 50% de leur corps, car ils n'ont pas assez de peau pour qu'elle puisse leur être greffée, a-t-il expliqué à la chaîne australienne ABC.

"Avoir recours à la peau de donneurs est également la seule option possible lorsque les patients souffrent d'une grave infection. Les chirurgiens enlèvent dans un premier temps la peau endommagée pour découvrir les tissus sains, ensuite ils implantent et greffent la peau du donneur, a-t-il expliqué. Le nouveau derme va ensuite s'intégrer au derme du patient et permettre ainsi à sa propre peau de croître sur la plaie et de guérir.

Les greffes de peau peuvent néanmoins sauver des personnes brûlées, c'est la raison pour laquelle les autorités sanitaires s'efforcent au maximum de sécuriser les stocks provenant de donneurs. Cependant, ces premières interventions ne sont que le début d'un long parcours pour les patients. Certains mettront au moins plusieurs mois pour se rétablir. 

Julia Galan avec AFP