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Nouvelle-Zélande

Garder la bouche fermée: le dispositif anti-obésité développé par des chercheurs néo-zélandais fait polémique

Des chercheurs néo-zélandais ont développé un dispositif présenté comme faisant perdre du poids grâce à des aimants censés limiter l'ouverture de la mâchoire. Une invention très critiquée, assimilée à de la torture par certains internautes.

Des chercheurs néo-zélandais ont mis au point un dispositif de verrouillage censé permettre de perdre du poids au moyen d'aimants qui empêchent presque complètement aux patients d'ouvrir la bouche, une invention relevant de l'instrument de torture pour nombre d'internautes. Présenté comme une "première mondiale", le dispositif non encore commercialisé est appliqué par un dentiste sur les molaires. Une fois posé, il permet aux mâchoires de ne s'ouvrir que de deux millimètres.

Le dispositif fait en sorte que le patient ne puisse plus consommer que des aliments liquides, explique Paul Brunton, chercheur en santé à l'University of Otago, mais sa capacité à respirer ou à parler ne s'en trouve pas affectée. Selon lui, "c'est une solution alternative non-invasive, réversible, économique et attractive aux procédures chirurgicales". "Le fait est que ce dispositif n'a aucune conséquence néfaste."

Son équipe assure que cette invention va "contribuer à combattre l'épidémie mondiale d'obésité". Les chercheurs affirment, dans un article publié dans le British Dental journal de juin, que sept femmes ayant testé ce dispositif appelé DentalSlim Diet Control pendant deux semaines avaient perdu une moyenne de 6,36 kilogrammes.

Une invention sous le feu des critiques

Cette invention, qui rappelle les procédures de ligature des mâchoires qui se pratiquaient dans les années 1980, s'est attirée un déluge de critiques de la part d'internautes qui ont notamment dénoncé son caractère "repoussant et déshumanisant". Certains, sur Twitter notamment, l'ont même comparé aux instruments de torture moyenâgeux. "Génial, j'aimerais vous soumettre mon idée de dispositif visant à aider les personnes de petite taille à devenir plus grandes", a notamment raillé un internaute sur le réseau social.

"Et si quelqu'un ressent le besoin de vomir? Si la personne s'étouffe, est victime d'une crise cardiaque ou a besoin d'être intubée rapidement? Ça semble hautement contraire à léthique", pointe de son côté Natascha Strobl, une politologue autrichienne sur Twitter.

Les chercheurs, eux, expliquent que les patients ayant testé le dispositif ont d'abord trouvé cet appareil un peu inconfortable, avant de le juger en fait "tolérable". Ils insistent sur le fait que cette invention est dotée d'une sécurité qui permet de libérer la bouche en urgence, en cas de vomissement ou de crise de panique.

Aucun des cobayes n'a utilisé cette sécurité pendant les deux semaines de test, selon les chercheurs. Une femme a toutefois reconnu avoir triché en absorbant du chocolat fondu pour avoir une dose rapide de sucre. Face aux nombreuses critiques et interrogations soulevées, l'université d'Otago a apporté mardi quelques précisions à son étude.

"Pour être clair, cet appareil n'a pas été conçu comme un outil de perte de poids, que ce soit à rapide ou à long-terme", explique l'université. "Il vise plutôt à aider les personnes devant subir une intervention chirurgicale et n'étant pas en état tant qu'elles n'auront pas perdu de poids".

L'établissement précise aussi qu'"après deux ou trois semaines, les aimants peuvent tout à fait être désengagés et l'appareil retiré". Ces périodes de liberté retrouvée de la mâchoire pourraient alors s'accompagner d'""une période de régime alimentaire moins stricte avant la reprise du traitement". "Cela permettrait de mettre en place une approche progressive de la perte de poids, avec le suivi d'un diététicien".

S.B.M avec AFP