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Nouvelle-Zélande

Éruption meurtrière d'un volcan en Nouvelle-Zélande: ouverture d'une enquête criminelle

De la fumée monte du volcan de White Island à Whakatane, en Nouvelle-Zélande, le 10 décembre 2019, après une éruption volcanique

De la fumée monte du volcan de White Island à Whakatane, en Nouvelle-Zélande, le 10 décembre 2019, après une éruption volcanique - HANDOUT / AUCKLAND RESCUE HELICOPTER TRUST / AFP

L'enquête vise à déterminer s'il fallait autoriser la venue de touristes sur l'île volcanique malgré le risque d'éruption, enregistré en hausse depuis plusieurs semaines.

La police néo-zélandaise a annoncé ce mardi l'ouverture d'une enquête criminelle visant à déterminer comment une éruption volcanique sur une île touristique a pu causer la mort de 13 personnes, selon un bilan toujours provisoire. Une cinquantaine de personnes visitaient l'île volcanique au moment de l'éruption et 5 personnes ont été déclarées mortes. Huit autres personnes sont portées disparues, mais les autorités ont annoncé "qu'aucun signe de vie" n'a été détecté malgré l'important dispositif de recherche.

Déterminer une possible responsabilité dans ce drame

Le niveau de menace du volcan avait été relevé la semaine dernière, ce qui soulève la question de savoir si les touristes auraient dû être autorisés à se rendre sur White Island, également appelée Whakaari, dans le nord de la Nouvelle-Zélande.

"Nous allons ouvrir une enquête criminelle sur les circonstances dans lesquelles des personnes sont décédées et ont été blessées sur White Island", a annoncé à la presse le sous-commissaire John Tims à Wellington.

Lundi, le niveau d'activité était de 2, ce qui correspond à des "troubles volcaniques modérés à élevés", a expliqué à la télévision néo-zélandaise (TVNZ) Paul Quinn, président de la compagnie White Island Tour, qui a perdu deux guides dans l'éruption. La police a confirmé ce mardi que cinq personnes ont été tuées et estimé que les huit portées disparues sont également considérées comme décédées. Quelques heures auparavant, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern avait indiqué qu'aucun signe de vie n'a été signalé après plusieurs survols de l'île.

Des "nouvelles difficiles" à venir à propos des disparus

"Ce matin, l'effort est mis sur la récupération (des corps) et sur le fait de s'assurer que la police peut faire ça en toute sécurité", a expliqué lors d'une conférence de presse Mme Ardern qui a part de sa "douleur insondable". Parmi les disparus et blessés figurent des touristes d'Australie, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Chine et de Malaisie, ainsi que des Néo-Zélandais qui les guidaient.

"Quarante-sept personnes étaient sur l'île. Nous pouvons maintenant confirmer que cinq personnes sont décédées, 31 sont actuellement à l'hôpital, huit autres sont toujours portées disparues et trois sont sorties de l'hôpital", a déclaré un porte-parole de la police, Bruce Bird. "Nous ne pensons pas que quelqu'un d'autre ait survécu à l'éruption", a-t-il précisé.

L'éruption survenue à 14h11, heure locale, a dégagé un épais panache de fumée blanche dans le ciel sur plusieurs kilomètres. Des images vidéo en direct ont montré un groupe d'une demi-douzaine de personnes marchant le long du cratère quelques secondes avant que les images deviennent noires. Selon le Premier ministre australien Scott Morrison, 24 Australiens visitaient le volcan à ce moment-là. "Nous devons nous préparer à des nouvelles difficiles dans les jours à venir", selon lui. Un diplomate britannique a indiqué que deux de ses concitoyens étaient soignés en Nouvelle-Zélande.

L'éruption n'était "pas complètement inattendue"

L'Agence nationale de gestion des situations d'urgence a qualifié l'éruption de "modérée". "Nous avons constaté une baisse régulière de l'activité depuis l'éruption. Il reste beaucoup d'incertitudes mais actuellement il n'y a aucun signe d'aggravation", a-t-elle fait savoir. "L'éruption n'est pas complètement inattendue", car l'activité "était relativement élevée depuis septembre, et encore plus ces quinze derniers jours", explique Jessica Johnson, géophysicienne à l'université d'East Anglia.

White Island se situe à une cinquantaine de kilomètres des côtes de la Baie de l'Abondance (Bay of Plenty). 70% du volcan sont immergés. C'est le plus actif de l'archipel néo-zélandais, selon l'agence gouvernementale GeoNet. Environ 10.000 touristes s'y rendent chaque année. Le volcan a connu de fréquentes éruptions au cours des 50 dernières années, la plus récente remonte à 2016. Cette année-là, un conteneur de 2,4 tonnes avait été transporté par avion sur l'île afin de servir d'abri en cas d'éruption.

J. G. avec AFP