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Objectifs modestes à Cancun contre le réchauffement climatique

Un nouveau cycle de négociations sur le climat s'ouvre lundi au Mexique en présence de 192 Etats avec, pour objectif, de parvenir à un accord sur une liste limitée de dossiers critiques divisant nations riches et pays pauvres. Les espoirs d'un accord glob

Un nouveau cycle de négociations sur le climat s'ouvre lundi au Mexique en présence de 192 Etats avec, pour objectif, de parvenir à un accord sur une liste limitée de dossiers critiques divisant nations riches et pays pauvres. Les espoirs d'un accord glob - -

par Timothy Gardner et Robert Campbell CANCUN, Mexique (Reuters) - Un nouveau cycle de négociations sur le climat s'ouvre lundi au Mexique en...

par Timothy Gardner et Robert Campbell

CANCUN, Mexique (Reuters) - Un nouveau cycle de négociations sur le climat s'ouvre lundi au Mexique en présence de 192 Etats avec, pour objectif, de parvenir à un accord sur une liste limitée de dossiers critiques divisant nations riches et pays pauvres.

La conférence qui se tiendra pendant deux semaines dans la station balnéaire de Cancun s'efforcera de remettre les négociations sur les rails, un an après le sommet de Copenhague qui s'était conclu par un accord a minima ne fixant aux Etats aucun objectif contraignant.

Il s'agira aussi de s'entendre sur des financements et des approches visant à protéger les forêts pluviales et à se préparer à un réchauffement global de la planète.

Enfin, Cancun tentera de formaliser des objectifs existants visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).

On est aujourd'hui très loin des tambours et trompettes qui avaient précédé Copenhague, une conférence ambitieuse qui devait déboucher sur un nouvel accord global sur le climat et a finalement accouché d'un accord non contraignant rejeté par un noyau de pays en voie de développement.

Cancun s'ouvre avec, en toile de fond, un bras de fer entre Etats-Unis et Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète, les Américains réclamant des Chinois de plus gros efforts en matière de réduction de GES.

A la veille de la conférence organisée sous l'égide des Nations unies, le président mexicain, Felipe Calderon, hôte de la réunion, a mis l'accent sur les retombées économiques de la lutte contre les changements climatiques afin de dissiper la méfiance née de la déception de Copenhague.

"Ce dilemme entre la préservation de l'environnement et la lutte contre la pauvreté, entre le combat contre les changements climatiques et la croissance économique, est un faux dilemme", a-t-il dit en citant les énergies renouvelables.

ESPOIRS ÉVANOUIS

Le chef de l'Etat mexicain, qui inaugurait une éolienne chargée de fournir l'approvisionnement en électricité du centre de conférence, a déclaré à propos des préparatifs à prendre face aux changements climatiques: "Fondamentalement, nous parlerons d'adaptation."

Ces propos ont fait grincer des dents dans les rangs de la délégation de l'Union européenne, pour qui Cancun doit aussi déboucher sur des objectifs plus tangibles en matière d'émission de GES, y compris de la part des pays en voie de développement.

"Nous chercherons un ensemble limité de décisions à Cancun. Nous espérons pouvoir ainsi dégager la voie pour l'avenir", a expliqué dimanche Artur Runge-Metzger, qui fait partie de l'équipe de négociateurs des Vingt-sept.

"Nous entrevoyons les grandes lignes d'un compromis", s'est même avancé le Belge Peter Wittoeck, dont le pays assume actuellement la présidence tournante de l'UE.

Le principal objectif de Cancun sera de parvenir à un accord plus contraignant sur la lutte contre les changements climatiques qui succède au protocole de Kyoto, qui date de 1997 et a été ratifié par 183 pays.

Kyoto oblige les pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis, qui ne l'ont pas ratifié, à réduire leurs émissions de GES d'ici la période 2008-2012 d'au moins 5,2% en dessous de leurs niveaux de 1990.

GORE "UN PEU DÉPRIMÉ"

Les espoirs d'un accord global contraignant se sont cependant en grande partie évanouis, notamment à cause de l'incapacité de Washington et de Pékin à s'entendre sur de nouvelles actions, mais aussi du fait des réticences du Sénat américain pour ratifier un traité dans les années qui viennent.

Selon des études publiées à la veille de l'ouverture de la conférence, les températures risquent de grimper de quatre degrés Celsius d'ici 2060. L'année 2010 devrait être l'une des deux plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des relevés météorologiques au XIXe siècle.

Les concentrations de dioxyde de carbone (CO2), de méthane et de protoxyde d'azote (N2O) ont continué d'augmenter en 2009 - dernière année d'observation prise en compte - malgré la crise économique mondiale, souligne l'Organisation météorologique mondiale, dans son dernier bulletin sur les GES.

"Je suis un peu déprimé au sujet de Cancun", confiait ces jours-ci l'ancien vice-président américain Al Gore, qui se voue aujourd'hui à la cause écologiste.

"Le problème ne s'éloigne pas, il a plutôt tendance à s'aggraver", ajoute celui qui a partagé en 2007 le prix Nobel de la paix avec le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour leur contribution commune à la lutte contre le réchauffement climatique.

Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser