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Nouvelle tuerie en Syrie, ultimatum lancé à Assad

EXPULSIONS DE DIPLOMATES SYRIENS

EXPULSIONS DE DIPLOMATES SYRIENS - -

par Dominic Evans BEYROUTH (Reuters) - Les rebelles syriens ont donné mercredi 48 heures au président Bachar al Assad pour mettre en oeuvre le plan...

par Dominic Evans

BEYROUTH (Reuters) - Les rebelles syriens ont donné mercredi 48 heures au président Bachar al Assad pour mettre en oeuvre le plan de paix de Kofi Annan faute de quoi ils reprendront les armes pour le renverser.

Cet ultimatum coïncide avec la découverte par les observateurs de l'Onu des corps de 13 hommes, les mains liées derrière le dos, près de Daïr az Zour, dans l'est de la Syrie.

La macabre découverte survient cinq jours après le massacre de Houla qui a fait une centaine de morts parmi les civils, dont de nombreux enfants, et suscité une vague d'indignation à travers le monde.

"La direction commune de l'Armée syrienne libre (ASL) à l'intérieur de la Syrie annonce qu'elle donne au régime un dernier ultimatum de 48 heures pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité", a déclaré le colonel Kassim Saadeddine dans un communiqué diffusé sur le site YouTube.

"Il prend fin vendredi à 12h00 (09h00 GMT). Nous serons alors libres de tout engagement et nous défendrons et protégerons les civils, leurs villages et leurs villes."

Le plan de paix en six points de Kofi Annan, aux termes duquel un cessez-le-feu est entré en vigueur le 12 avril, mais reste violé quotidiennement, prévoit également le retrait des forces syriennes et de leurs armes lourdes des centres urbains, ou encore l'ouverture d'un dialogue politique.

Malgré ces nouveaux bains de sang, la Russie et la Chine ont redit leur ferme opposition à toute intervention militaire internationale contre le régime du président Bachar al Assad.

Plusieurs des victimes retrouvées près de Daïr az Zour ont été abattues d'une balle dans la tête.

Le général Robert Mood, chef des observateurs des Nations unies en Syrie, a dénoncé "un acte révoltant et inexcusable". Dans un communiqué, il a appelé "toutes les parties à faire preuve de retenue et à mettre fin au cycle de la violence pour le bien de la Syrie et du peuple syrien".

Les insurgés syriens affirment que les victimes sont des déserteurs de l'armée régulière abattus par des partisans de Bachar al Assad.

Selon les observateurs de l'Onu, les treize hommes ont été tués mardi soir à Assoukar, à une cinquantaine de km à l'est de Daïr az Zour. Dans cette même région, un oléoduc a été pris pour cible mercredi par les insurgés, d'après l'agence officielle syrienne Sana.

PRESSIONS DIPLOMATIQUES

La tuerie d'Assoukar survient après celle de Houla, localité de la province de Homs, dans le centre du pays, qui a fait 108 morts, dont 49 enfants et 34 femmes.

Mardi, la pression diplomatique s'est encore accentuée sur le régime syrien lorsqu'une dizaine de pays ont annoncé l'expulsion de diplomates syriens pour marquer leur indignation après le massacre de Houla.

Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu se réunira vendredi à Genève pour débattre de cette tuerie.

L'indignation suscitée dans le monde par le massacre de Houla a poussé les pays hostiles à Bachar al Assad à exiger une action plus résolue de la part de la communauté internationale.

Le président français François Hollande a déclaré mardi soir ne pas écarter l'hypothèse d'une intervention militaire en Syrie, à condition que celle-ci soit approuvée par les Nations unies.

A trois jours de sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine à Paris, François Hollande a formulé l'espoir "de convaincre Russes et Chinois" de se joindre au reste de la communauté internationale pour condamner Damas et "trouver une solution qui ne serait pas forcément militaire".

La Maison blanche a jugé quant à elle qu'une action militaire n'était pas exclue mais qu'elle ne serait pas opportune à l'heure actuelle.

Le massacre de Houla, dont le régime impute la responsabilité à des "terroristes", illustre l'échec, jusqu'à présent, du plan de paix présenté par Kofi Annan.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, opposition), une centaine de personnes ont péri mardi dans le pays.

Depuis le début de la crise, la Russie et la Chine, qui disposent du droit de veto au Conseil de sécurité de l'Onu, ont mis en échec deux projets de résolution condamnant la répression menée par le régime de Bachar al Assad.

L'adjoint du médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe sur la Syrie a déclaré devant le Conseil de sécurité qu'un règlement de la crise passait par un dialogue politique entre le gouvernement et l'opposition.

"(Le) soulèvement en Syrie présente les caractéristiques d'un mouvement révolutionnaire ", a déclaré à Reuters un diplomate en résumant l'intervention du Français Jean-Marie Guéhenno devant les 15 membres du Conseil.

Benjamin Massot et Jean-Loup Fiévet pour le service français