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New York: un homme arrêté pour avoir voulu tuer ses voisins en engageant un tueur à gages

Le FBI a mis en échec le plan machiavélique. (Photo d'illustration)

Le FBI a mis en échec le plan machiavélique. (Photo d'illustration) - Alex Edelman / AFP

La presse américaine a retracé ce vendredi une histoire tragi-comique. Un homme a été arrêté à New York ce mardi pour avoir planifié des mois durant l'assassinat par un tueur à gages de voisins qu'il jugeait trop bruyants. Sa tentative a échoué pour une bonne raison: les deux personnes qu'il avait contactées travaillaient en fait pour le FBI.

Il est des gens dont on dit qu'il n'aurait pas fait bon être leur voisin pendant la guerre. Il en est d'autres dont on n'aimerait pas davantage être les voisins en temps de paix. Il semble que Joel Rosquette, habitant de New York, fasse partie de cette redoutable catégorie. Il a été arrêté ce mardi pour avoir voulu, planifiant son projet criminel pendant des mois, faire assassiner ses voisins par un tueur à gages, signale ce vendredi le site de CNN. 

"A 110%"

Joel Rosquette, qui fut chauffeur de bus à New York avant de perdre son emploi, a donc pris en grippe des résidents de son immeuble situé dans le quartier de Washington Heights près de Manhattan. Il les trouve trop fêtards, est persuadé qu'ils vendent de la drogue et qu'ils louent une chambre de leur logement, introduisant ainsi dans l'édifice des gens extérieurs aux locataires officiels. Selon le dossier judiciaire bâti relativement à cette affaire, d'autres pensionnaires de l'immeuble se sont d'ailleurs plaints du comportement de ces voisins gênants auprès du commissariat local sans obtenir de résultat. Une absence de résultat pour laquelle Joel Rosquette avait d'ailleurs une explication, d'après le Washington Post qui s'est lui aussi intéressé à cette histoire: le commissaire de police aurait eu une liaison avec une femme habitant dans le fameux appartement. 

Désespérant apparemment de se faire entendre par les autorités, Joel Rosquette imagine une solution aussi définitive que violente: engager un tueur à gages pour tuer le commissaire de police, et non pas ses voisins à l'origine. Dans son étrange logique, la mort du policier aurait en effet pour conséquence de faire perdre à ses voisins leur protecteur et donc de les forcer à changer d'attitude. Il s'adresse alors à un intermédiaire dont il pense qu'il peut le mettre en contact avec quelqu'un capable de lui rendre ce service rémunéré. Mais son interlocuteur est un informateur du FBI, ce que Joel Rosquelle ignore évidemment. Les échanges débutent et l'"indic'" commencent à les enregistrer dès le mois de juin dernier. Celui-ci demande d'abord à son interlocuteur s'il est "absolument sûr à 100% de vouloir cet assassinat?" Il s'attire alors cette réponse: "oui, à 110%". 

Des messages accablants... et enregistrés 

L'intermédiaire lui fait ensuite rencontrer un homme qui se présente comme un tueur à gages, apte à s'acquitter de sa tâche pour 10.000 dollars, mais est tout bonnement un agent du FBI. Appels et SMS s'enchaînent désormais entre le commanditaire du crime et les deux hommes qui le mènent en bateau pour accumuler des preuves. Certains de ces messages accablants ont depuis trouvé une place dans le dossier d'instruction. 

Les choses traînent jusqu'en février dernier lorsqu'un retournement de situation les accélère brutalement: Joel Rosquette ne veut plus tuer le commissaire de police mais les voisins, objets de sa haine. Il développe auprès de l'intermédiaire qui lui a présenté le prétendu tueur: "La rage, c'est la rage. Quand on a la rage, on fait des choses... Quand on a la rage au coeur, c'est personnel". 

Rosquette risque 30 ans de prison 

Mais, si l'affaire prend tant de temps, c'est que, chômeur, Joel Rosquette a peut-être la rage mais pas l'argent. il aggrave donc, sans le savoir, son cas aux yeux de la justice en indiquant au pseudo-tueur à gages l'identité d'un pompiste à abattre auparavant, afin de lui ravir les fonds de la station-service de Staten Island, un quartier de New York, où il exerce. Le pactole récolté aurait alors servi à payer la somme due au titre de l'assassinat de ses voisins. Après un repérage de la station-service à trois, l'agent du FBI envoie une photo de la cible, débusquée sur les réseaux sociaux, pour s'assurer qu'il n'y a pas d'erreur sur la personne. Son interlocuteur confirme, enthousiaste. 

Le dernier acte intervient ce mardi. Joel Rosquette reçoit un appel: le pompiste est mort, lui promet le "tueur à gages" qui lui dit qu'il a fait main basse sur les 12.000 dollars que cachait la station. Les deux hommes conviennent alors d'un rendez-vous pour le jour même. Sur place, l'ex-chauffeur du bus exige que ses voisins soient éliminés d'ici la semaine prochaine. 

Mais la semaine prochaine, Joel Rosquette la vivra en prison. Les autorités ont en effet décidé qu'elles avaient enfin assez d'éléments et l'ont interpellé immédiatement après cette entrevue. Il risque trente ans d'incarcération. 

Robin Verner