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Moyen-Orient

Vers un repli tactique des rebelles syriens à Alep ?

A Alep, la capitale économique de la Syrie. Selon la télévision d'Etat, les forces loyales au président Bachar al Assad ont pris le contrôle du quartier de Salaheddine, dans le sud d'Alep et tué la plupart des rebelles présents sur place. /Photo prise le

A Alep, la capitale économique de la Syrie. Selon la télévision d'Etat, les forces loyales au président Bachar al Assad ont pris le contrôle du quartier de Salaheddine, dans le sud d'Alep et tué la plupart des rebelles présents sur place. /Photo prise le - -

par Hadeel Al Shalchi ALEP, Syrie (Reuters) - La télévision d'Etat syrienne a rapporté mercredi que les forces loyales au président Bachar al Assad...

par Hadeel Al Shalchi

ALEP, Syrie (Reuters) - La télévision d'Etat syrienne a rapporté mercredi que les forces loyales au président Bachar al Assad avaient pris le contrôle du quartier de Salaheddine, dans le sud d'Alep, et tué la plupart des rebelles présents sur place.

Elle a également fait état d'une nouvelle offensive de l'armée qui a, selon elle, pénétré dans plusieurs autres quartiers de la plus grande ville syrienne.

Un porte-parole des insurgés à Salaheddine a néanmoins démenti que les forces syriennes aient pris tout le contrôle de la zone. "Les forces syriennes ont pris position à une extrémité de Salaheddine mais elles ne sont pas entrées (dans le quartier) et les affrontements se poursuivent", a indiqué Abou Mohammed à Reuters par téléphone.

La télévision d'Etat ajoute que des dizaines de "terroristes" ont été tués dans le quartier central de Bab al Hadid, près de l'ancienne citadelle, et à Bab al Naïrab, dans le sud-est de la ville.

L'offensive menée par les forces gouvernementales apparaît comme l'attaque terrestre la plus importante à Alep depuis que les rebelles ont pris le contrôle d'une zone s'étendant du sud-est au nord-ouest de la ville il y a trois semaines.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, a indiqué que les combats dans la zone étaient les plus violents depuis cette date.

ISSUE INCERTAINE

Djoma Abou Ahmed, un militant de l'opposition, a déclaré à Reuters que les insurgés avaient battu en retraite vers le quartier voisin de Saif al Daoula, pris sous le feu des chars de l'armée situés à Salaheddine et des chasseurs bombardiers.

"Des affrontements terribles se poursuivent dans le quartier de Salaheddine entre les combattants rebelles et les forces du régime, qui ont pris d'assaut le quartier", précise l'OSDH.

Selon Abou Firas, un membre de l'Armée syrienne libre (ASL, opposition armée), les insurgés n'ont abandonné qu'un bâtiment à Salaheddine. "Nous ne nous sommes pas retirés, nos hommes sont toujours là et la situation est en notre faveur", a-t-il dit.

L'intensité de la bataille qui fait rage dans la capitale économique et ailleurs dans le pays témoigne de la détermination de Bachar al Assad à s'accrocher au pouvoir, avec le soutien de l'Iran et de la Russie, malgré la pression internationale et un nombre croissant de défections.

Selon les organisations proches de l'opposition, le conflit syrien a fait 18.000 morts en près de 17 mois, et forcé des dizaines de milliers de Syriens à fuir dans les pays voisins, principalement en Turquie. Environ 2400 nouveaux réfugiés, dont 37 soldats ayant fait défection, sont arrivés en Turquie dans la nuit de mardi à mercredi.

Lundi, le président syrien a également dû faire face à la défection de son Premier ministre, Riyad Hidjab, tout juste nommé. Ce dernier aurait fui en Jordanie avec sa famille.

Bachar al Assad conserve néanmoins le ferme soutien de l'Iran, un allié de longue date qui voit la Syrie et le Hezbollah libanais comme les piliers d'un même "axe de résistance" contre les Etats-Unis et Israël.

L'IRAN VISÉ

Les rebelles syriens, qui accusent Téhéran d'envoyer des combattants au service de Bachar al Assad, ont pris en otage 48 pèlerins iraniens le 4 août, les accusant d'être des membres des Gardiens de la révolution. Le ministre iranien des Affaires étrangères a confirmé mercredi que plusieurs ressortissants iraniens enlevés par les rebelles syriens étaient des soldats ou des "pasdaran" à la retraite. Il a néanmoins démenti tout lien entre les prisonniers et l'armée.

Damas et Téhéran ont accusé de leur côté les Etats sunnites du Golfe et la Turquie, alliés des puissances occidentales, d'alimenter la violence en Syrie en soutenant les rebelles, qui sont en grande majorité sunnites.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a répondu mercredi aux accusations iraniennes en mettant en garde Téhéran "d'une manière franche et amicale" après avoir reçu la visite de son homologue iranien, Ali Akbar Salehi.

Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé pour sa part que le conseil de sécurité de l'Onu, dont la France assure la présidence en août, se réunirait le 30 du mois à New York au niveau ministériel "pour traiter de la situation en Syrie", essentiellement du point de vue humanitaire.

"En réunissant ses partenaires du Conseil de sécurité, la France entend manifester son soutien au peuple syrien, sa préoccupation croissante pour la stabilité régionale et son attachement à une transition vers un système démocratique et pluraliste", a déclaré le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay.

Toujours en France, l'ancien président Nicolas Sarkozy est sorti de son silence pour demander une action rapide de la communauté internationale en Syrie, où il voit de "grandes similitudes" avec la Libye, théâtre d'une intervention militaire l'an dernier dont il fut le fer de lance.

Avec Oliver Holmes, Mariam Karouny, Dominic Evans et Tom Perry à Beyrouth, Khaled Yacoub Oweis à Amman et Mehmet Emin Caliskan à Kilis, Turquie, Juliette Rabat pour le service français, édité par Gilles Trequesser