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Turquie

Turquie: plus de 200 arrestations lors de la Marche des Fiertés à Istanbul

Une participante à la marche des fiertés d'Istanbul faisant face à la police, le 16 juin 2022

Une participante à la marche des fiertés d'Istanbul faisant face à la police, le 16 juin 2022 - KEMAL ASLAN / AFP

Les autorités turques interdisent la Marche des Fiertés année après année, officiellement pour des raisons de sécurité.

Les chiffres sont édifiants. La police turque a une nouvelle fois fondu dimanche sur la Marche des Fiertés LGBTQ+ à Istanbul, interpellant sans ménagement plus de 200 personnes, militants et journalistes, dont un photographe de l'AFP.

Avant même le début du rassemblement, la police anti-émeutes a effectué une descente musclée dans plusieurs bars du quartier de Cihangir, autour de l'emblématique place Taksim, et a arrêté "au hasard" les personnes qui s'y trouvaient, a constaté l'AFP.

Selon le décompte de l'ONG Kaos GL, qui milite pour la promotion et la protection des personnes LGBTQ+, "plus de 150 personnes" ont été arrêtées et emmenées en fourgon par la police. Elles n'avaient pas été libérées en début de soirée.

"Vous ne serez jamais seuls"

Amnesty International a réclamé leur "libération inconditionnelle et immédiate" sur Twitter.

Comme chaque année désormais, la Marche des Fiertés avait été officiellement interdite par le gouverneur de la ville mais des centaines de manifestants brandissant des drapeaux arc-en-ciel se sont rassemblés dans les rues adjacentes à la place Taksim, entièrement fermée au public.

En chantant "L'avenir est queer", "Vous ne serez jamais seuls", ou "On est là, on est queer, on n'ira nulle part ailleurs", les manifestants ont ensuite défilé pendant un peu plus d'une heure dans les rues du quartier de Cihangir, soutenus par les riverains postés aux fenêtres.

"Défendre nos droits"

Les personnes arrêtées ont été conduites à bord de deux bus de police vers le principal commissariat de la ville, a constaté un vidéaste de l'AFP.

"On essaie de nous interdire, de nous empêcher, de nous discriminer et même de nous tuer à chaque minute de notre existence" a confié à l'AFP Diren, 22 ans. "Mais aujourd'hui, c'est l'occasion de défendre nos droits, de crier qu'on existe: jamais vous n'arriverez à arrêter les queers", ajoute Diren, usant du vocable qui désigne toute forme d'altersexualité et réfute la définition biologique du genre.

Selon plusieurs témoins, la police a tenté d'empêcher la presse de filmer les arrestations. Bülent Kilic, photographe expérimenté et primé de l'AFP, habitué aux zones de conflit, a été menotté dans le dos, le tee-shirt arraché et embarqué avec d'autres dans un fourgon de police. Il avait déjà été arrêté l'an passé dans les mêmes circonstances.

Après un spectaculaire défilé en 2014 de plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont interdit la Marche des Fiertés année après année, officiellement pour des raisons de sécurité.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV