Turquie: Erdogan reporte le changement d'heure et sème le trouble
Quelle heure est-il en Turquie? L'heure d'Erdogan, répondront ses détracteurs. Une certaine confusion règne dans le pays après que le gouvernement a, en vue des législatives anticipées du 1er novembre, décidé de différer le passage à l'heure d'hiver. La bascule devra donc théoriquement se faire le 8 novembre. Mais à l'heure du tout numérique, tablettes, smartphones et autres montres connectées n'ont pas obtempéré. Les appareils se sont réajustés comme prévu et comme dans le reste de l'Europe, dans la nuit de samedi à dimanche.
Mais pourquoi le pouvoir turc a-t-il ainsi tout chamboulé? Pour, le jour du scrutin, profiter au maximum de la lumière du jour et favoriser la venue aux urnes des électeurs, avance la BBC. Ces élections anticipées sont cruciales pour le pouvoir en place et le président Erdogan qui voudrait sortir de l'impasse politique dans laquelle il se trouve.
#SaatKaç, le mot pour nommer la fronde
Lui qui voulait remettre à l'heure les pendules de la société turque au bord de l'implosion en est pour ses frais. Raillé sur les réseaux sociaux, il est accusé de vouloir contrôler tout, y compris l'heure qu'il est. Depuis quelques heures, les messages comportant le mot-dièse "SaatKaç" qui signifie "quelle heure est-il?" font florès. "Erdogan essaie de tout contrôler, même l'heure", s'indigne une twittos. Ou encore, "ce cher Erdogan a décidé au dernier moment qu'on ne passerait pas à l'heure d'hiver, mais il n'a prévenu personne", ironise une autre.
Avions et rendez-vous ratés, le décalage a rendu incertain jusqu'à l'heure de la prière, comme le note le journal Daily Sabah Turkey.
Un report antifraude?
Le report de deux semaines pourrait aussi avoir une autre utilité que de simplement favoriser un scrutin diurne. En mars 2014, rappelle La Tribune, des coupures d'électricités suspectes avaient entaché le décompte des voix des municipales dans 35 villes. Des présidents de bureaux de vote ont même été condamnés pour avoir falsifié des résultats en bourrant les urnes.
Une nouvelle contestation menacerait la stabilité de la société turque dont certains soulignent qu'elle se trouve au bord de l'implosion depuis le double attentat d'Ankara.