BFMTV
Turquie

Séismes en Turquie: un ado croit filmer "ses derniers moments" sous les décombres et émeut le pays

La ville d'Adiyaman en Turquie, tout près de l'épicentre du séisme survenue le 6 février, en ruines.

La ville d'Adiyaman en Turquie, tout près de l'épicentre du séisme survenue le 6 février, en ruines. - Ilyas AKENGIN / AFP

Un jeune Turc de 17 ans, habitant Adiyaman, s'est trouvé séparé des siens et coincé sous les décombres de son bâtiment après le séisme survenu le 6 février dernier. Taha Erdem a alors enregistré une vidéo sur son portable, en guise d'adieu. Il a finalement pu être secouru et retrouver ses proches.

On déplore plus de 44.000 morts après les séismes qui ont déchiré la Turquie et la Syrie à compter du 6 février dernier, dont 40.000 pour la première, selon le bilan communiqué par les autorités ce samedi. Une statistique qui dit l'horreur collective et recouvre autant de tragédies individuelles.

L'histoire de Taha Erdem a bien failli être l'une d'entre elles: elle est finalement celle d'un miracle. Et si sa trajectoire émeut tant la Turquie, comme le rapporte l'agence américaine Associated Press ce samedi, c'est que, croyant sa dernière heure arrivée, l'adolescent de 17 ans, alors enterré sous les décombres, a filmé son calvaire sur son portable. Il sera secouru quelques heures plus tard.

Toute une famille surprise dans la nuit

C'est dans leur immeuble d'un quartier ouvrier d'Adiyaman, tout près de l'épicentre du séisme, que le tremblement de terre a surpris la famille Erdem en pleine nuit: Taha, donc, mais aussi son père Ali, sa mère Zeliha, sa petite sœur Semanur (13 ans), et son petit frère Ygit Cinar (9 ans).

Après l'effondrement de l'édifice de quatre étages, Taha se trouve isolé, piégé sous les décombres. Persuadé que les siens ne sont plus, et qu'il est destiné à les rejoindre dans la mort - comme il confie dans sa vidéo-, il parvient à se saisir de son portable pour filmer ce qu'il pense être ses ultimes instants. Il espère qu'on exhumera son portable, en même temps que son corps.

"Il y a beaucoup de choses que je regrette"

Le jeune homme prononce une prière en arabe mais décrit surtout le caractère désespéré de sa situation.

"Je pense que c'est la dernière vidéo que je filmerai pour vous", dit-il notamment.

Bien que coincé sous la pierre et l'acier, il est encore secoué par les répliques du séisme. "On tremble encore (...), oui ça tremble. Ma main ne tremble pas, c'est le séisme", glisse-t-il d'ailleurs, reprenant: "La mort, mes amis, vous tombe dessus quand on s'y attend le moins". "Il y a beaucoup de choses que je regrette. Que Dieu me pardonne mes péchés. Il y a tant de choses que je veux faire si je m'en sors", ajoute-t-il.

Taha Erdem est finalement sauvé par l'intervention providentielle de voisins qui le transportent ensuite chez l'une de ses tantes. Puis, dix heures après la catastrophe, c'est au tour de ses parents, de son frère et de sa sœur, d'être tirés des ruines de leur immeuble.

Zeliha a confié son sentiment au moment où elle a découvert que son aîné était lui aussi sain et sauf: "Le monde m'appartenait. Je n'ai plus rien, mais j'ai mes enfants". La famille Erdem vit désormais sous une tente fournie par le gouvernement.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV