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Séismes en Turquie et Syrie: jusqu'à quand peut-on espérer retrouver des rescapés ?

Des secouristes transportent un jeune homme secouru sur un brancard à travers les décombres des bâtiments de Kahramanmaras, l'épicentre du séisme en Turquie, le 7 février 2022.

Des secouristes transportent un jeune homme secouru sur un brancard à travers les décombres des bâtiments de Kahramanmaras, l'épicentre du séisme en Turquie, le 7 février 2022. - OZAN KOSE / AFP

En Turquie et en Syrie, secouristes et volontaires s'activent pour retrouver des survivants qui se seraient retrouvés sous les décombres après les puissants séismes qui ont ravagé la zone.

"Nous n'avons pas une estimation exacte" des personnes encore coincées sous les décombres a expliqué ce mercredi sur BFMTV Ali Onaner, ambassadeur de Turquie en France. Mais devant les milliers d'immeubles qui se sont effondrés "nous sommes inquiets que le nombre de personnes qui a perdu la vie augmente", avec la découverte de plus de corps.

Le dernier bilan des séismes meurtriers qui ont frappé la Syrie et la Turquie dépasse désormais les 11.000 morts. Mais deux jours après la catastrophe, sous les gravats, des personnes sont encore vivantes et activement recherchées par les secouristes et volontaires sur place.

"C'est une course contre la montre", déclare sur notre antenne depuis la Turquie Éric Zipper, président de l'ONG Corps Mondial de Secours, tout de même persuadé que des survivants vont être retrouvés.

"Beaucoup de chance" de retrouver des survivants

"48h on est encore au début", assure-t-il, "on est sur de gros effondrements" mais il y a "pas mal de signes de vie encore à l'intérieur".

D'après lui, "il y a beaucoup de poches de vide" sous les éboulis et sur d'autres séismes de ce type, et "on arrive quand même à trouver des gens, quand ils sont emmurés, qui peuvent survivre encore une semaine ou quinze jours".

Il y a "encore beaucoup de chances" de sortir des rescapés des décombres dans les prochains jours, assure également Loïc Bargibant. Chef de la mission d'aide envoyée en Turquie par la Fédération des secouristes français Croix Blanche, il se rend ce mercredi sur les zones du drame pour aider à retrouver des survivants.

En Chine une femme avait ainsi été retrouvée vivante en 2008 sous des éboulis neuf jours après un séisme. En 2015, un homme de 101 ans avait lui été sorti des gravats huit jours après un tremblement de terre au Népal. En 2010, après le séisme à Haïti, un jeune homme aurait même survécu jusqu'à 27 jours enseveli.

Loïc Bargibant rappelle tout de même que "les premières heures sont primordiales" dans ce genre de situation.

"Énormément de paramètres peuvent jouer"

Il est en fait très difficile d'estimer le temps durant lequel peut survivre une personne coincée sous un amas de ruines. "Il y a énormément de paramètres qui peuvent jouer", explique à BFMTV.com Marc Courtois, de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers.

L'espérance de vie d'une personne qui n'aurait pas été blessée et qui n'est pas compressée par des débris est ainsi très différente de quelqu'un qui aurait eu la jambe cassée dans le séisme ou qui serait en train de faire une hémorragie. La question de l'accès à l'oxygène est aussi primordiale "et il y a le problème de la déshydratation", relève Marc Courtois.

Sans compter qu'actuellement sur place, "les températures sont froides, ça dégèle à peine la journée, donc ce ne sont pas des conditions très favorables pour la survie", précise Éric Zipper.

En ce sens, "il est très important d'essayer d'avoir des résultats dans les heures qui suivent pour pouvoir sauver le plus de vies possibles", a appuyé l'ambassadeur Ali Onaner.

Comment repérer les survivants?

Pour rechercher ces survivants, chaque équipe de secouriste se voit octroyer un secteur sur lequel agir. La zone est dans un premier temps sécurisée, afin d'éviter de nouveaux effondrements sur des structures déjà fragilisées. "On se renseigne aussi s'il y a des témoins autour", raconte Loïc Bargibant, afin de se rendre compte de combien de personnes peuvent se trouver sous les débris, de combien en auraient déjà été sorties.

Les pompiers français envoyés sur place, ainsi que les secouristes de la Croix Blanche, utilisent ensuite des chiens entrainés à rechercher des personnes, "ils sont capables de repérer quelqu'un en 10 minutes", même si l'individu est inconscient, note Loïc Bargibant.

Des moyens d'écoute sont par la suite employés pour voir si on entend la présence de quelqu'un et il est aussi possible "d'utiliser des caméras qui peuvent être envoyées dans le moindre recoin", indique Marc Courtois.

Même si "on priorise les lieux et bâtiments où on a entendu du bruit" au début des recherches, "on ne laisse jamais un bâtiment non reconnu", assure-t-il.

Si une personne encore en vie est retrouvée, le déblayage est également particulièrement délicat, car les débris instables doivent être déplacés avec soin, pour éviter un nouvel éboulement qui pourrait nuire à la personne en train d'être sauvée, à d'autres victimes ensevelies, voire aux secouristes eux-mêmes.

Malgré ces conditions difficiles, il y a "toujours l'espoir de retrouver des personnes, on garde toujours espoir", assure Marc Courtois, car parfois "on arrive à faire des miracles".
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV