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Turquie

Séismes en Turquie et en Syrie: les survivants face au défi d'enterrer dignement leurs proches

En visite près de l'épicentre du séisme, le chef de l'agence humanitaire de l'ONU a indiqué que le nombre de 28.000 victimes était certainement appelé à doubler.

Six jours après les séismes dévastateurs, qui ont fait au moins 28.000 morts en Syrie et en Turquie, vient la difficile période du deuil pour des milliers de famille. Un processus rendu d'autant plus difficile que, face à l'afflux de corps à enterrer, les autorités sont débordées. Offrir un dernier adieu digne se révèle bien souvent impossible, alors que les opérations de sauvetage se poursuivent toujours.

Au milieu des ruines encore fumantes d'Antakya, en Turquie, des femmes laissent exploser leur chagrin. Elles ont passé la nuit au milieu de cadavres posés à même le sol, enveloppés dans des sacs mortuaires.

"Mon Dieu, je souffre"

"Mon Dieu, je souffre. Ça fait cinq jours que j'appelle, 'ma sœur, ma sœur, mais elle ne répond pas", témoigne une femme dans un sanglot.

La famille Polat a, elle, retrouvé le cadavre d'une proche âgée de 35 ans, dont la dépouille repose dans un sac mortuaire disposé non loin. Ils attendent désormais que sa fille et son mari soient retrouvés sous les décombres.

"On va ramener les corps dans notre village. On a déjà 150, 160 morts chez nous. Ils commencent à les enterrer sans prière, sans cérémonie, sans rien. Certaines familles ne peuvent même pas le faire", se désole Perihan Polat.

Les proches de la famille Polat avaient récemment emménagé dans un immeuble flambant neuf, censé être résistant et sûr. Aujourd'hui, il n'est plus qu'un tas de ruines, et sa carcasse gît au milieu de la ville.

Vers un bilan à 60.000 morts?

La ville d'Antakya est un gigantesque cimetière à ciel ouvert. Dans un terrain vague situé dans la banlieue, les corps bâchés s'alignent les uns après les autres, attendant d'être enterrés.

Des proches inquiets se pressent et se bousculent, habités par le sinistre espoir d'identifier sous les bâches un de leur proche. Des tests ADN sont réalisés, on tente de retrouver des papiers d'identité... Pour beaucoup de survivants du séisme, il s'agit d'une épreuve supplémentaire.

Des fosses communes ont été creusées. Les corps s'y alignent, et s'effacent progressivement sous les pelletées de terre. Sur des amoncellements, des hommes regardent la scène, hagards.

Des nouveaux corps sont découverts sous les décombres tous les jours. Le dernier bilan fait état d'au moins 28.000 victimes, mais le chef de l'agence humanitaire de l'ONU Martin Griffiths a indiqué que ces données étaient amenées à doubler. "On n'a pas encore réellement commencé à compter le nombre de morts", a-t-il déclaré.

Angy Louatah, Camille Fournier et Vincent Berthézène, avec Jules Fresard