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Turquie

Le neveu d'un ennemi d'Erdogan capturé au Kenya par des espions turcs

Des espions turcs "capturent" au Kenya le neveu d'un ennemi d'Erdogan

Des espions turcs "capturent" au Kenya le neveu d'un ennemi d'Erdogan - FRED DUFOUR / AFP

Des espions turcs ont capturé au Kenya le neveu d'un ennemi du président Erdogan. Le président turc qualifie cet homme de "chef terroriste" et l'accuse d'avoir été l'instigateur du putsch avorté en 2016.

Les services de renseignement turcs ont interpellé à l'étranger et rapatrié un neveu du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan, ont rapporté ce lundi des médias, l'épouse de Selahaddin Gülen affirmant qu'il avait été "capturé" en Kenya.

Selahaddin Gülen a été ramené en Turquie par des agents de l'Organisation nationale du renseignement (MIT) après avoir été interpellé à l'étranger, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu, sans dire dans quel pays.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 20 mai, son épouse a affirmé qu'ils vivaient tous les deux au Kenya et qu'elle était sans nouvelles de son mari depuis le 3 mai, alors que celui-ci enseignait dans une école à Nairobi.

"Un chef terroriste", selon Erdogan

Des personnes et médias liés au mouvement de Fethullah Gülen ont eux aussi déclaré sur les réseaux sociaux que Selahaddin Gülen avait été "kidnappé" au Kenya, et lancé une campagne appelant à sa libération.

Selahaddin Gülen est accusé par les autorités turques d'appartenir à l'"organisation terroriste Fetö", un acronyme qu'Ankara utilise pour désigner le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen.

Recep Tayyip Erdogan, qui était autrefois allié à Selahaddin Gülen, le décrit aujourd'hui comme un "chef terroriste" et l'accuse d'avoir ourdi contre lui une tentative de coup d'Etat en juillet 2016.

Plus de 140.000 personnes évincées depuis le putsch

Le prédicateur, qui réside aux Etats-Unis, affirme être à la tête d'un réseau pacifique d'ONG et d'entreprises et nie toute implication dans la tentative de putsch.

Depuis le putsch manqué, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 limogées ou suspendues de leurs fonctions dans le cadre de purges d'une ampleur sans précédent dans l'histoire de la Turquie.

Ankara traque également les membres présumés du réseau de Fethullah Gülen à l'étranger et affirme avoir "rapatrié" plusieurs dizaines de personnes depuis 2016, quitte à susciter des remous.

Le mouvement "guléniste" dans le viseur d'Ankara

En 2018, l'enlèvement au Kosovo par des agents du MIT de six ressortissants turcs accusés de liens avec Selahaddin Gülen avait provoqué une crise politique dans ce pays et conduit au limogeage du ministre de l'Intérieur et du chef du renseignement.

Par ailleurs, Ankara fait pression sur de nombreux pays, notamment des Balkans, d'Asie centrale et d'Afrique pour qu'ils ferment les écoles liées au mouvement "guléniste". Le Kenya avait refusé en 2016 de fermer six établissements malgré l'insistance d'Ankara.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si la "capture" de Selahaddin Gülen s'est faite avec l'accord des autorités kényanes. En 1999, le Kenya avait été le théâtre d'une spectaculaire opération des services turcs qui y avaient arrêté le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Ocalan, aujourd'hui emprisonné en Turquie.

"Nous allons bientôt annoncer la capture d'un membre très important de Fetö. Il est entre nos mains", avait déclaré Erdogan le 19 mai, vraisemblablement en référence à Selahaddin Gülen.

S.B.M avec AFP