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Turquie

La Turquie sous le feu du terrorisme

Les secours s'activent autour de l'aéroport Atatürk d'Istanbul quelques minutes après le triple attentat-suicide, le 28 juin 2016.

Les secours s'activent autour de l'aéroport Atatürk d'Istanbul quelques minutes après le triple attentat-suicide, le 28 juin 2016. - AFP

INFOGRAPHIE - Le triple attentat-suicide qui a frappé l'aéroport international Atatürk mardi soir à Istanbul vient s'ajouter à la série d'attaques que la Turquie subit depuis un an. Des actions terroristes qui se multiplient: il ne se passe plus un mois sans que le pays ne soit frappé.

La Turquie est depuis plusieurs mois prise dans une dramatique série d'attentats terroristes. L'attaque de l'aéroport Atatürk, dernière en date, a fait 41 morts. En un an seulement, 18 attentats meurtriers ont été commis dans le pays. Près de 300 personnes ont perdu la vie dans ces attaques terroristes, la plupart du temps kamikazes. 

Les cibles sont souvent les mêmes: Ankara, la capitale, a été frappée trois fois. Istanbul, la métropole touristique, quatre fois. Les autres villes touchées, telles que Suruç ou Gaziantep sont situées à la frontière syrienne. 

A chaque organisation ses cibles: les terroristes kurdes frappent presque exclusivement les symboles du pouvoir turc, sans se soucier de la présence de civils: postes de police, cars remplis de militaires, casernes. Daesh vise en priorité les civils, surtout s'ils sont étrangers, en particulier occidentaux. C'est le cas de l'attentat kamikaze du 10 octobre 2015 qui, en plein milieu d'une manifestation à Ankara, a fait 102 victimes.

Un pays pris entre deux feux

Plusieurs raisons font que la Turquie est une zone de tension. Tout d'abord, elle est au cœur d'un conflit armé qui l'oppose à sa minorité kurde depuis 30 ans, une question épineuse née à la fin de la Première guerre mondiale avec la chute de l'Empire ottoman. On estime qu'il a fait près de 50.000 morts. Ce conflit trouve notamment sa prolongation sous la forme d'attentats terroristes menés sur le sol turc par le Parti des travailleurs kurdes et ses satellites (PKK).

Depuis un an, onze attentats revendiqués par des militants kurdes ont ébranlé le pays, et fait plus de 100 morts.

La Turquie pâtit également de sa position géographique. Véritable pont entre l'Orient et l'Occident, le pays est victime de sa proximité immédiate avec la Syrie et subit les conséquences de la guerre civile qui ravage son voisin depuis cinq ans. Un pays musulman si proche de l'Occident, insupportable pour les fanatiques de Daesh, et cela peut expliquer pourquoi le groupe jihadiste y a perpétré au moins quatre attentats depuis l'année passée.

Des attentats de plus en plus fréquents

Mais selon certains spécialistes, tels que le journaliste Guillaume Perrier, ce n'est pas tant la position géographique que la position stratégique qui serait à l'origine de la multiplication des attaques provenant de Daesh. Selon eux, le gouvernement turc aurait d'abord eu une attitude "complaisante" vis-à-vis de l'Etat islamique et de son trafic de pétrole, avant de devenir brusquement intransigeant. Les attentats seraient alors des représailles.

Préférant les actions "coup-de-poing", le groupe jihadiste a perpétré en Turquie trois fois moins d'attentats que les Kurdes... Mais ils se sont révélés bien plus meurtriers, puisque ces actions ont fait 148 morts depuis juillet 2015.

Les terroristes ont réussi ce mardi à frapper l'une des zones les plus sécurisées du pays, mais le fait le plus préoccupant se niche dans cette multiplication des événements tragiques qui frappent le pays.

Quelle que soit l'origine des actions terroristes, elles se produisent à un rythme de plus en plus rapide. Depuis janvier 2016, il ne se passe plus un seul mois sans qu'un attentat ait lieu dans le pays. Une insécurité chronique qui n'a pas échappé aux touristes du monde entier: au mois de mai 2016, la Turquie a accusé sa plus forte baisse du nombre de séjours sur son sol depuis 22 ans.