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Turquie

"La démocratie va déferler": débâcle historique aux municipales pour le parti de Recep Tayyip Erdogan

Le parti du président turc a essuyé sa pire défaite électorale depuis son arrivée au pouvoir en 2002. L'opposition a fait carton plein dans les plus grandes villes du pays, dont certaines réputées comme des fiefs conservateurs.

Une vague rouge est arrivée en Turquie. Le pays s'est réveillé, ce lundi 1er avril, à un "tournant" de son avenir politique, après une victoire historique de l'opposition aux élections municipales. Un séisme dans ce pays dominé depuis plus de deux décennies par le président Recep Tayyip Erdogan et son parti.

Les résultats, quasi définitifs ce lundi, donnent le Parti républicain du peuple - CHP, social-démocrate -, principale formation de l'opposition, large vainqueur du scrutin jusque dans des provinces d'Anatolie tenues jusqu'alors par le Parti de la justice et du développement - AKP, islamo-conservateur - du président turc.

Carton plein dans des fiefs conservateurs

Istanbul, Ankara, Izmir, Adana, Antalya... Le CHP, qui avait été sonné par la défaite de son candidat à la présidentielle de mai 2023, a fait carton plein dans les plus grandes villes du pays dont Bursa, vue comme un fief conservateur, ainsi que dans plusieurs autres provinces d'Anatolie considérées comme acquises au pouvoir.

Pour les observateurs, il s'agit de la pire débâcle électorale du président Erdogan depuis l'arrivée au pouvoir de son parti en 2002. Dans la nuit de dimanche à lundi, tandis que le dépouillement des urnes se poursuivait, Recep Tayyip Erdogana lui-même reconnu un "tournant", promettant de "respecter la décision de la nation".

Nouvelle donne politique

Anticipée à Ankara et Istanbul, les capitales politique et économique que le pouvoir avait perdues en 2019, la victoire de l'opposition a pris de court les observateurs par son ampleur, considérée comme inédite depuis 1977 et qui redessine la géographie électorale du pays.

Champion de l'opposition depuis sa victoire à Istanbul il y a cinq ans au terme d'une âpre élection, le maire CHP de la mégapole turque Ekrem Imamoglu, très populaire dans tout le pays, se retrouve propulsé dans la course à la présidentielle de 2028.

Le maire CHP d'Ankara, Mansur Yavas, réélu avec 30 points d'avance sur son rival de l'AKP après dépouillement de la quasi totalité des urnes, sort lui aussi extrêmement renforcé de cette élection.

Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, d'abord comme Premier ministre puis, depuis 2014, en tant que président, a affirmé début mars que ses élections municipales étaient "les dernières" organisées sous son autorité, laissant entrevoir une possible retraite politique.

Fanny Rocher avec AFP