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Syrie: des élus d'opposition d'Alep parlent médecine et tactique

Rapahël Pitti, médecin de guerre français, de retour d'Alep à l'hôtel de la Région ïle de France le 26 juin.

Rapahël Pitti, médecin de guerre français, de retour d'Alep à l'hôtel de la Région ïle de France le 26 juin. - -

En Syries, les Comités locaux ont un rôle important à jouer dans le conflit actuel. La Syrie, un pays où les problèmes de santé s’aggravent.

Les Comités locaux, voilà les institutions élues que le Quai d'Orsay reconnaît comme étant l'embryon de la future Syrie libre.

Plusieurs des membres de ces Comités sont sortis de la ville d'Alep, certains pour la première fois depuis le début de la guerre civile. Ils ont été exfiltrés vers Metz pour consacrer le jumelage Metz-Alep, après être passés par Paris. Tous rentreront au secteur "libéré" d'Alep dans un avenir plus ou moins proche (une petite moitié de la ville est encore tenue par le régime.

Ils nous apprennent plusieurs choses surprenantes. La Coalition nationale syrienne, instance qui fait office de gouvernement en exil, "n'est pas visible à Alep" et des pièces anti-tank sont arrivées vers le 17 juin. Cependant leur faible nombre empêche de prendre l'avantage sur le front.

Les Comités locaux sont en contact avec tous les rebelles

L'Armée syrienne libre (ASL) qui est réputée modérée et interconfessionnelle et donc loin des salafistes, est bel et bien présente. Certes, al-Nosra, formation salafiste radicale, est présente aussi, et l'ASL et al-Nosra mènent des actions conjointes. Toutefois, ces actions ne coïncident plus depuis un mois. Al-Nosra représente 10% de la résistance armée, mais les grands fronts sont à l'ASL, qui est là depuis 2 ans.

Si en Occident on se pose des questions, c'est qu'on se trompe. Les Comités locaux sont en contact avec tous les rebelles, et clairement le fait de dire qu'al-Qaïda est partout participe de la surenchère médiatique.

Si l'ASL reçoit les bonnes armes, alors elle reprend de suite le dessus. Cela alors que la communauté internationale se cache derrière le refus russe pour ne rien faire.

Des maladies soignables non soignées

Quant à la France, elle est la puissance occidentale qui a le moins lâché la rébellion non-salafiste. (Implicitement, la France l'a lâchée un peu quand même). En gros, la République française tente d'être le pourvoyeur des services sociaux de la rébellion, laissant au Qatar et à l'Arabie Saoudite le soin de les armer.

Enfin, le dossier médical est le plus inquiétant pour les membres des comités. Un chirurgien syrien est venu témoigner des opérations dans une salle de 9 m² avec trois lits. Les ambulances sont maquillées en voitures ordinaires, car le régime tire sur les ambulances des rebelles!

Le médecin français, ex-militaire, Raphaël Pitti (général à la retraite de l'armée française) accompagne les Comités d'Alep, et a lui-même séjourné 4 fois dans la Syrie en guerre. Les signes du gaz sarin, du point de vue du diagnostic, sont très évidents pour lui. Toutefois, le gaz n'est pas réellement une arme de destruction massive, elle est utilisée à faible dose par le régime pour obliger les rebelles à sortir de leurs positions. "Des maladies et des blessures qui en temps normal seraient soignées sans séquelles conduisent à la mort en Syrie, par manque de matériel."

Cette rencontre avec ces Syriens de l'opposition renvoie le même message: ils sont trop forts pour disparaître, trop faibles pour vaincre. Ainsi, le facteur décisif ne peut être apporté que par la communauté internationale.

Harold Hyman