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Syrie: comment la guerre entre armée et rebelles a pratiquement détruit Alep

Des Syriens marchent à travers les décombres d'Alep, après un bombardement aérien.

Des Syriens marchent à travers les décombres d'Alep, après un bombardement aérien. - Ameer Alhalbi - AFP

Alep est depuis cinq ans au centre de la guerre civile qui opposant les rebelles et l'armée du régime de Bachar al-Assad. La deuxième ville du pays, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, a été ravagée par les affrontements.

Deuxième ville de Syrie et ancienne capitale économique, Alep est un enjeu crucial dans la guerre civile qui ravage le pays depuis 2011. La ville est divisée en deux, avec d'un côté le secteur pro-régime et de l'autre celui des rebelles et des jihadistes. Le régime de Bachar al-Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, tente par tous les moyens de reconquérir la ville. Les rebelles espèrent quant à eux conserver Alep, pour en faire la base de leur soulèvement.

Une ville au bord de la destruction totale

Pour anéantir les rebelles qui occupent l'est de la ville, le régime syrien, appuyé par l'armée russe, n'hésite pas à recourir à des frappes aériennes sur les populationc civiles. Depuis septembre dernier, Damas a intensifié les bombardements. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de raids de l'aviation russe et de largages de barils d'explosifs au cours des derniers mois. Il y a quelques jours, le plus grand hôpital de la ville a été détruit par ces barils. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les installations médicales dans l'est de la ville sont au bord de la destruction totale.

La Russie a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'arrêterait pas les bombardements, qu'elle juge "légitimes", et dont elle assure qu'ils ne visent "que les terroristes". Pourtant, une analyse de la société américaine IHS suggère que Moscou vise de moins en moins le groupe Etat Islamique, et se préoccupe davantage d'aider le régime syrien.

Alep ville martyre

En 2014, l'ONU évaluait le nombre de victimes dans l'ensemble du pays à 260.000 victimes, avant d'abandonner face à la difficulté de compter les morts. A Alep, des milliers de Syriens sont morts sous les bombes et des milliers d'autres ont été blessés. En août dernier, l'ONU dénonçait "une catastrophe humanitaire sans précédent".

"Dans deux mois et demi au maximum, la partie est d'Alep risque d'être totalement détruite. Nous parlons de la vieille ville en particulier, et des milliers de civils syriens vont être tués", déclarait il y a quelques jours l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie Staffan de Mistura.

Selon l'OSDH, plus de 2.000 civils syriens ont déjà été tués ou blessés depuis la fin de la trêve entre les Etats-Unis et la Russie.

Un patrimoine inestimable en danger

La vieille ville d'Alep, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, est située au carrefour de plusieurs routes commerciales depuis le deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Elle témoigne de la richesse et de la diversité de ses occupants successifs, les Hittites, les Assyriens, les Mongols, les Mamelouks et les Ottomans. Des vestiges de constructions et d'éléments hellénistiques, romains et byzantins sont également intégrés dans la Citadelle, qui surplombe la vieille ville.

En juillet 2015, la citadelle d'Alep avait été endommagée par une explosion. Après la destruction d'un tunnel de la ville, une partie de la muraille principale, datant du 13e siècle, s'était affaissée. En avril 2013, c'est le minaret de la mosquée des Omeyyades qui s'était effondré lors d'affrontements entre les rebelles et l'armée syrienne. La Grande Mosquée d'Alep, édifiée au 8e siècle, avait été rebâtie au 13e siècle. Le minaret avait lui été préservé et datait du 9e siècle. Un an plus tôt, le souk d'Alep, composé de boutiques centenaires, avait été partiellement détruit par un incendie.

Le régime syrien a pris le dessus

Si la bataille d'Alep, décrite par beaucoup comme la principale du conflit syrien, est féroce, elle pourrait prochainement tourner court. Le régime, qui a lancé une offensive contre Alep-est depuis le 19 septembre, avance et reprend une à une les rues de la cité, avec le soutien opérationnel de la Russie. Damas a fait de la reconquête d'Alep son principal objectif, car elle lui permettrait de remporter une victoire aussi symbolique que stratégique.

Le 8 octobre, les forces pro-gouvernementales ont repris le contrôle du quartier d'Al-Oweija, occupé par les rebelles depuis 2012. Il s'agit d'un mouvement stratégique pour l'armée, qui peut désormais sécuriser l'entrée nord d'Alep.
F. H.