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Syrie

Quatre ans de guerre civile ont plongé la Syrie dans le noir

La ville d'Alep sous les bombes, un soir de décembre 2012. En quatre années de guerre civile, la Syrie a été littéralement plongée dans le noir. Ici, le pays vu du ciel en 2011.

La ville d'Alep sous les bombes, un soir de décembre 2012. En quatre années de guerre civile, la Syrie a été littéralement plongée dans le noir. Ici, le pays vu du ciel en 2011. - Javier Manzano - AFP

AVANT-APRES - Un laboratoire chinois a analysé des photos satellites de la Syrie, prises de nuit entre 2011 et 2014. Le résultat est édifiant: 83% des lumières ont disparu.

La guerre a littéralement plongé la Syrie dans les ténèbres. C'est ce que nous enseigne une étude menée en 2014 par un laboratoire chinois, basée sur des photos satellites, en collaboration avec des ONG: le pays émet aujourd'hui 83% de lumière en moins qu'avant le début du conflit. Cette obscurité est le symptôme de la terrible réalité humanitaire sur le terrain, de destructions en dépeuplement. L'université du Wuhan, en Chine, a précisément mesuré les lumières des villes syriennes visibles depuis l'espace. Elle a comparé des images de début 2011 à des clichés de fin 2014. Le résultat est impressionnant.

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Des villes éteintes

Outre la baisse de 83%, les chercheurs ont remarqué que certaines villes ont été complètement plongées dans les ténèbres. Le meilleur exemple est la ville dévastée d'Alep, dont les émissions de lumière ont baissé de 97%. Voilà qui donne la mesure de l'ampleur des destructions.

Outre les destructions, les chercheurs ont remarqué une corrélation entre la baisse des émissions de lumière et l'augmentation du nombre de réfugiés, aujourd'hui au nombre de 7,6 millions. "La lumière nocturne indique la croissance urbaine, le développement économique, l'augmentation de la consommation d'énergie", précise Xi Li. On notera sans surprise que les régions les plus éclairées sont celles qui sont toujours plus ou moins contrôlées par Bachar al-Assad, comme la capitale Damas. La région kurde, dans le coin nord-est, est aussi toujours plutôt bien éclairée, ce qui indique de meilleurs conditions humanitaires.

Précieuses analyses satellites

Le professeur Xi Li, à la tête de l'équipe qui a travaillé sur ces images, explique pourquoi cette étude est précieuse: "L'imagerie satellite est la source de données la plus objective pour montrer l'étendue de la destruction en Syrie, à l'échelle de tout le pays." On avait déjà appris ces dernières années que l'imagerie satellite pouvait nous aider à mieux comprendre les conflits difficiles d'accès, ou en tout cas leurs conséquences. Récemment, l'Unosat, un département de l'ONU spécialisé dans l'analyse des images satellites avait publié des images spectaculaires des destruction à Gaza, ou encore des raids meurtriers de Boko Haram au Nigeria.

Avec 2014, la Syrie a vécu son année la plus sanglante. Sur les 220.000 victimes qu'a causé la guerre civile, 76.000 ont perdu la vie cette année. Ecartelé entre l'Etat islamique, la résistance laïque et l'Etat représenté par Bachar al-Assad, le pays subit un désastre d'ampleur historique. C'est pour pousser la communauté internationale à s'impliquer dans la résolution du conflit que le consortium d'ONG #WithSyria s'est associé à ce laboratoire de recherche chinois. #WithSyria représente 130 ONG dont Amnesty International, Médecins sans frontières, la Ligue des droits de l'homme, Oxfam ou encore Caritas.