BFMTV
Syrie

Près de 15.000 victimes de Daesh auraient été enterrées dans 72 charniers en Irak et en Syrie

Un homme inspecte un charnier découvert par des forces kurdes en Irak,  et contenant des restes de membres de la communauté yézidie massacrés par Daesh, en février 2015.

Un homme inspecte un charnier découvert par des forces kurdes en Irak, et contenant des restes de membres de la communauté yézidie massacrés par Daesh, en février 2015. - Safin Hamed - AFP

Une enquête menée par l’agence Associated Press révèle que plusieurs milliers de victimes des atrocités de Daesh auraient été enterrées dans plus de 70 fosses communes recensées en Irak et en Syrie.

Une nouvelle preuve de la barbarie de Daesh pourrait avoir été mise au jour par Associated Press. L'agence américaine révèle en effet, dans une longue enquête relayée par le Guardian, l'existence de 72 charniers recensés sur les territoires syrien et irakien, dans lesquels le groupe jihadiste aurait enterré les corps des victimes de ses atrocités.

15.000 corps enterrés

Selon AP, jusqu'à 15.000 cadavres auraient ainsi été jetés dans ces fosses communes, victimes des exécutions sommaires commises par Daesh. Associated Press base ses chiffres sur de la documentation recensant et cartographiant ces charniers, sur les fouilles réalisées par les autorités irakiennes, des témoignages de survivants, des campagnes de propagande de Daesh, mais aussi sur l'analyse des terrains où les victimes ont été enterrées.

Ces données livrent un nouvel aperçu de l'échelle des crimes commis par les jihadistes du groupe Etat islamique (l'autre nom de Daesh, ndlr) à l'encontre de leurs ennemis et des minorités ethniques et religieuses, telles que les Kurdes ou les Yézidis, pour asseoir leur supériorité et consolider leurs fiefs en Syrie et en Irak.

Six fosses près des monts Sinjar

L'enquête précise que 17 fosses communes ont été identifiées uniquement sur le territoire syrien. L'une d'entre elles contiendrait les corps de centaines de membres d'une même tribu, victime d'une extermination de masse lorsque Daesh s'est emparé de ses terres.

Six charniers contenant plus d'une centaine de corps auraient par ailleurs été comptés près des montagnes de la région Sinjar, en Irak, où des membres de la communauté yézidie s'étaient réfugiés, avant d'être massacrés par les jihadistes, à l'été 2014. Le gouvernement irakien avait alors affirmé que 500 Yézidis avaient été assassinés, puis enterrés dans une fosse, parfois encore vivants.

AP souligne que de nombreuses zones susceptibles d'abriter d'autres fosses communes n'ont pu être fouillées, leur accès étant trop dangereux.

Nombreux crimes de masse

Daesh a souvent mis en scène ses crimes de masse, utilisant les images des atrocités commises contre les populations pour sa propre propagande. L'exécution de 1.700 soldats chiites à Tikrit, en Irak, en juin 2014, ainsi que le massacre de 700 membres de la tribu Al Cheitaat, en août 2014, dans la province syrienne de Deir ez-Zor, sont considérées comme les plus importantes exécutions de masse commises par le groupe Etat islamique.

Par ailleurs, les minorités ont été à de nombreuses reprises les cibles des persécutions de Daesh, femmes et enfants en première ligne. Un rapport publié en février 2015 par les Nations unies dénonçait ainsi l'"assassinat systématique" d'enfants appartenant à des minorités religieuses ou ethniques, notamment les jeunes Chrétiens et Yézidis. Ce document relatait plusieurs cas d'exécutions de masse de jeunes garçons, ainsi que des décapitations, des crucifixions et des ensevelissements d'enfants vivants.

Adrienne Sigel