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Syrie

Libération des otages français en Syrie: la piste israélienne

François Hollande accueille les quatre journalistes français dimanche matin sur le tarmac de la base de Villacoublay.

François Hollande accueille les quatre journalistes français dimanche matin sur le tarmac de la base de Villacoublay. - -

Et si un officiel israélien avait aidé à la libération de nos quatre confrères? Mendi Safadi, druze israélien, homme politique à ses heures, au sein de la droite israélienne prétend y avoir œuvré.

Et si un officiel israélien avait aidé à la libération de nos quatre confrères? On ne pourra jamais tout à fait prouver ce que les services secrets ont fait dans le cas d'une négociation pour la libération d'otages. Mais une personne au moins prétend avoir aidé à la libération. Il s'agit de Mendi Safadi, druze israélien, homme politique à ses heures, au sein de la droite israélienne. Il est depuis le début de la révolte syrienne l' "homme-contact" entre l'État israélien et les forces d'opposition démocratiques et modérées syriennes dont l'Armée syrienne libre fait partie. On peut le voir deviser avec des Syriens de l'ASL en Turquie, dans un reportage de INews24, chaîne israélienne multilingue, gardée sur Youtube.

Voici en résumé son récit, que nous n'avons pas encore pu vérifier, à part ceci: un spécialiste du renseignement au Moyen-Orient avait effectivement entendu parlé de la démarche Safadi. Résumons: la branche modérée de la rébellion syrienne, et particulièrement sa branche armée l'Armée syrienne libre (ASL), a appris que les quatre Français étaient détenus. Apparemment, les geoliers étaient des ravisseurs criminels ordinaires. Autrement dit des bandits. La demande de ces derniers, transmise à l'ASL, était simple: 50.000 dollars pour la restitution des Français.

Entre-aide druze

Mendi Safadi nous dit avoir informé, à chaque nouvel élément, l'ambassade de France à Tel Aviv, et un ami israélien à Paris qui faisait le relais en direction du Quai d'Orsay. L'ambassade de France déclina de payer les 50.000, entre temps les ravisseurs demandèrent 20.000 de plus. Safadi se mit alors en branle pour lever la somme dans sa poche et auprès d'amis en Israël et au Liban. J'ai eu l'impression qu'il s'agissait en grande partie d'un effort d'entre-aide druze, ces derniers étant implantés depuis toujours à cheval sur les États actuels d'Israël, du Liban, de Syrie.

Le 22 mars Safadi se rendit à la frontière syro-turque pour recueillir les quatre, mais son intermédiaire fut submergé par la crainte d'une embuscade des services secrets français et annula tout au dernier moment. J'interjette ici que le ministre des Affaires étrangères françaises Laurent Fabius dit qu'à cette date-là on avait cru que c'était bon. Au moins une convergence entre les deux récits!

Enfin le matin du 19 avril Safadi reçut un appel de l'opposition laïque syrienne: les quatre sont entrés en Turquie. En écoutant ce récit non encore répandu ici en France, je suis étonné qu'avec 70.000 dollars entre les bonnes mains, tout pouvait se débloquer. Maintenant, il faudra attendre que cette version des faits soit comparé aux autres: celle du gouvernement français, et d'éventuelles tierces versions qui ne manqueront de filtrer, sans oublier la version des ex-otages eux-mêmes. Au moins la version de Mendi Safadi, qu'il faudrait peut-être un jour vérifier, valait la peine de mentionner pour sa simplicité.

Harold Hyman & journaliste spécialiste de géopolitique