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Syrie

Le conflit syrien se répand au Liban

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La violence syrienne s'invite à Beyrouth avec le rapt d'une dizaine de syriens hostiles à Bachar al-Assad par des chiites adversaires de la rébellion. Le spectre de la guerre civile pèse sur le Liban.

La violence qui ensanglante la Syrie depuis 17 mois a fait tache d'huile au Liban avec le rapt de dizaines de Syriens, hostiles à Bachar al-Assad, par des hommes armés chiites adversaires déclarés de la rébellion.

Ces pratiques ont replongé les Libanais dans le cauchemar de la guerre civile (1975-1990) où les rapts sur la base de la confession ou de la nationalité étaient monnaie courante par des miliciens armés qui agissaient en toute impunité face à des pouvoirs publics impuissants.

La France a réagi jeudi 16 août par la voix de son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, en visite au Liban. Le ministre a évoqué avec les dirigeants libanais "à quel point nous souhaitons que les événements qui existent dans la région et en particulier en Syrie n'entraînent pas une contagion négative sur le Liban".

"Il faut que le Liban, qui est une terre de paix qui a su rassembler les communautés, puisse conserver ce dialogue entre les communautés, la France est très attachée à ça", a-t-il ajouté.

Les ressortissants du Golfe, porteurs d'une manne financière indispensable au pays du Cèdre, ont commencé à fuir à la demande de leurs gouvernements d'autant que des menaces ont été proférées notamment contre les Saoudiens et les Qataris, dont les pays apportent un soutien effectif aux rebelles.

Le conflit prend un tour confessionnel

Un clan chiite, les Al-Mouqdad, a revendiqué mercredi le rapt d'une vingtaine de Syriens et d'un ressortissant turc en représailles à l'enlèvement cette semaine d'un membre de leur famille par un groupe rebelle syrien qui l'accuse d'être un tireur embusqué à la solde du Hezbollah, puissant parti chiite armé proche du régime de Damas.

En outre, des commerces appartenant à des Syriens au Liban ont été vandalisés et des ouvriers chassés de leur travail par des chiites armés sous le prétexte que quatre des onze pèlerins chiites enlevés par les rebelles en mai avaient été "sérieusement blessés" lors d'un raid de l'aviation dans le nord de la Syrie.

Le ministre libanais de l'Information, Walid Daouk, a affirmé jeudi que les 11 pèlerins libanais enlevés en Syrie étaient "sains et saufs". Le porte-parole du clan, Maher al-Moqdad, a affirmé jeudi qu'il "avait son lot de kidnappés de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles), qu'il n'avait pas l'intention d'en enlever d'autres mais que si le membre de leur famille, Hassane, 40 ans, était tué en Syrie, le premier des otages a être exécuté sera le Turc", dont le pays soutien la rébellion.

"Ceux que nous avons enlevés sont soit des membres de l'ASL, soit la financent, soit facilitent ses mouvements. Nous n'avions pas, à priori, de parti pris dans le conflit en Syrie mais comme l'ASL commet des actes terroristes, que voulez-vous que l'on pense d'elle", a-t-il lancé.

Jeudi, la série a continué quand quatre hommes armés ont enlevé un ressortissant syrien, Houssam Yehya Khachroum, près de la ville de Chtaura (est), après avoir tiré sur sa voiture, a indiqué un responsable des services de sécurité.

Le conflit a pris un tour confessionnel : des sunnites filtraient jeudi les voitures venant ou se rendant en Syrie à Masna, dans l'est du pays près de la frontière, en solidarité avec leur "frères syriens" enlevés. Sur le site jihadiste irakien Honein, une organisation inconnue, se présentant sous le nom d'"Avant garde salafiste jihadiste au Liban" menace la famille Moqdad. 

"Nous vous disons avant qu'il ne soit trop tard : libérez au plus vite nos frères musulmans avant que les Moujhadine de la Sunna vous arrachent le coeur et vous crèvent les yeux car après vos regrets ne vous serviront plus à rien (...) Il n'existe plus entre nous que le langage des armes", affirme-elle.

Mais c'est également l'impunité avec laquelle des hommes armés, ont pu devenir maîtres de la rue, ont fermé la route de l'aéroport et enlevé des personnes sans défense, sans que les autorités ne réagissent qui a profondément choqué les Libanais, se voyant revenus aux temps des milices.

"Nous essayons de résoudre la question calmement. Si le gouvernement ne fait pas de bruit cela ne veut pas dire qu'il ne travaille pas. Des mandats d'arrêt vont être délivrés contre tous ceux qui ont porté atteinte à la sécurité et la route de l'aéroport ne sera plus coupée", a affirmé à la presse le Premier ministre Najib Mikati, avant de se rendre à un conseil des ministres extraordinaire.

Par ailleurs, lors de la réunion du dialogue national, qui réunit en principe toutes les composantes de la politique libanaises, les participants ont convenu d'envoyer une délégation de cinq personnalités dans "les pays influents, notamment les monarchies du Golfe et la Turquie pour obtenir la libération des Libanais en Syrie et réitérer à ces pays notre désir d'entretenir de bonnes relations avec eux", a dit le chef du gouvernement.