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Syrie

L'Etat islamique publie un guide de la bonne épouse du jihadiste

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La brigade féminine crée par l'Etat islamique, Al-Khansaa, a rédigé et diffusé sur Internet une longue note expliquant aux femmes de jihadistes comment elles doivent se comporter.

Un manifeste aux airs de guide de bonne conduite. Dans un long document publié sur Internet par Al-Khansaa, une brigade féminine crée par l'Etat islamique début 2014 et opérant dans les rues de Raqqa, le fief syrien du groupe jihadiste, les membres de la milice expliquent aux femmes de jihadistes, qu'elles soient syriennes ou étrangères, comment se comporter pour répondre aux exigences de la charia et du statut d'épouse de combattant.

S'il n'a pas officiellement été diffusé par Daesh (l'acronyme arabe de l'Etat islamique, NDLR), ce texte donne un aperçu plutôt exhaustif de la condition des femmes rejoignant délibérément ou non les rangs de l'organisation jihadiste.

Un "modèle idéal" pour la femme musulmane

Mis en ligne le 23 janvier sur un forum jihadiste, ce long document d'une trentaine de pages, repéré par Le Monde, et traduit en anglais par le think tank britannique Quilliam Fondation, est organisé en chapitres, et détaille ainsi ce que doit être la vie d'une "bonne épouse" de jihadiste. Hijab, sécurité, mariage, vie quotidienne, éducation, travail: le texte aborde point par point ce qui constitue le modèle "idéal" pour la femme musulmane, après avoir soigneusement démonté le modèle occidental. 

"Le modèle adopté par les infidèles en Occident a échoué à l'instant où les femmes ont été 'libérées' de leur cellule dans la maison", dit ainsi le document, au sujet du mode de vie occidental des femmes. En revanche, il juge légitime que les fillettes se marient dès 9 ans, bien que l'âge idéal reste 16-17 ans, tant que les jeunes filles "sont toujours jeunes et actives".

"Il est toujours préférable de rester cachée"

Au sujet du voile, "le plus grand de leurs droits", le manifeste stipule que les femmes doivent se voiler "par respect pour leur corps", et se satisfait que les robes trop "révélatrices" aient disparu des magasins de Raqqa. "Il est toujours préférable pour une femme de rester cachée et voilée, afin de maintenir la société derrière ce voile", peut-on ainsi lire.

Enfermée à la maison, la femme ne peut sortir que pour combattre, pour étudier la charia ou exercer la fonction de médecin, si celle-ci est compatible avec la charia. Elle peut en revanche mettre à profit les heures passées à la maison pour apprendre la religion, la cuisine, la couture, et l'éducation des enfants. Autrement dit, la place des femmes se trouve bel et bien à la maison, mais pas dehors, et encore moins au travail, vecteur, selon le texte, de dépravation ou de corruption pour les femmes.

Pour Charles Lister, qui a traduit le manifeste à la fondation Quilliam, ce document est bien "un traité conceptuel de que devrait être la vie". "C'est une chose à laquelle nous n'avions pas encore eu accès", souligne-t-il. Mais pour le think tank, ce texte n'était pas destiné à un public ne parlant pas arabe, et donc à de potentielles recrues étrangères de la brigade, puisqu'il livre une image moins flatteuse, et moins attirante, que celle véhiculée par la propagande officielle de l'Etat islamique sur les réseaux sociaux. 

A.S.