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L'épouse du jihadiste français Salim Benghalem: "Il m'a dit qu'il ne reviendrait pas"

Saïd Benghalem est un geôlier de Daesh en Syrie.

Saïd Benghalem est un geôlier de Daesh en Syrie. - BFMTV

Devenu l'un des jihadistes français en Syrie les plus traqués par les Etats-Unis et la France, Salim Benghalem, soupçonné d'être l'un des bourreaux de Daesh, est appelé à comparaître à partir de ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir acheminé des combattants vers la Syrie depuis 2013.

Elle a témoigné auprès de la Direction centrale du renseignement (ancienne DGSI), à son retour de Syrie, où elle avait rejoint son mari, le jihadiste français originaire de la région parisienne, Salim Benghalem. Ce dernier est appelé à comparaître à partir de ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir acheminé des combattants vers la Syrie depuis 2013.

Considéré comme l'un des bourreaux de Daesh, et soupçonné d'avoir été l'un des geôliers des anciens otages français en Syrie, Salim Benghalem sera sans surprise absent à son procès.

Passage par le Yémen

Revenue de Syrie début 2014, après avoir passé trois mois près d'Alep, sa femme a raconté aux policiers la radicalisation progressive de son époux, puis son départ vers la Syrie, au printemps 2013, pour rejoindre dans un premier temps le groupe Jabhat al-Nosra, puis Daesh. Un parcours qui a amené Salim Benghalem a devenir l'un des jihadistes les plus traqués par les Etats-Unis et la France, qui en aurait fait une des cibles de ses frappes sur la ville de Raqqa

L'apprentissage jihadiste de Salim Benghalem, ancien délinquant passé par le banditisme, a connu plusieurs étapes. Avant de s'envoler pour la Syrie, le jeune homme, qui a grandi à Cachan, dans le Val-de-Marne, et s'est radicalisé en prison, est passé par le Yémen.

Selon les déclarations de son épouse, que Le Parisien a pu consulter, Benghalem y fait un séjour à l'été 2011, en passant par Oman. Avant son départ, il avait signifié à sa femme, rencontrée fin 2009, son envie de partir.

"J'étais à neuf mois de grossesse quand il a commencé à me dire qu'il voulait s'installer dans un pays musulman", a-t-elle raconté aux policiers.

Il disparaît soudainement en juillet 2011. Cette année là, Salim Benghalem passe deux mois auprès d'un groupe d'Al-Qaïda, au Yémen, avant de rentrer en France.

Le Jabhat al-Nosra, puis Daesh

Alors que son épouse montre des réticences à quitter la France pour un pays musulman, Benghalem part une seconde fois, début 2013. Cette fois-ci, son objectif est la Syrie. Sur place, il rejoint dans un premier temps le groupe Jabhat al-Nosra, qui envoie ses membres affronter les forces de Bachar al-Assad sans armes.

"Salim m'a expliqué qu'ils partaient à 50 combattants environ, mais que seule une dizaine en revenait vivant", a confié son épouse. Benghalem fait alors l'acquisition d'une kalachnikov et ne tarde pas à rejoindre les rangs de Daesh, qui vient de proclamer son "califat".

Le Français monte progressivement les échelons au sein de l'organisation jihadiste. A son arrivée, il s'occupe des courses et de la cuisine, avant d'intégrer la police islamique du groupe. "Il travaillait dans une prison et il participait aux interrogatoires", précise sa femme, selon qui les geôliers n'ont pas le droit de torturer les prisonniers, mais exécutent les soldats d'Assad, et ceux qu'ils considèrent comme des traître et des espions. 

"S'il revenait, c'était pour faire un attentat"

C'est en octobre 2013 que la femme de Salim Benghalem décide de le rejoindre, avec leurs deux enfants, dans la banlieue d'Alep. Son épouse retrouve un homme "fataliste", devenu "insensible à la mort", et au fanatisme exacerbé. 

"Salim m'a dit que s'il revenait, c'était pour faire un attentat, pour faire un maximum de dégâts. Il n'était pas passé à l'acte à son retour du Yémen car il avait des doutes, alors que maintenant il ne se poserait plus de questions", rapporte-t-elle. "Il m'a expliqué que les attentats à la bombe n'étaient plus trop d'actualité, que c'était les tueries en série qui étaient préconisées", se souvient-elle.

Selon les dires de sa femme, Benghalem se plaisait en Syrie, au moment où elle l'a laissé pour rentrer en France, trois mois après être arrivée à Alep. Il exprimait aussi sa volonté de mourir en martyr. "Il était soulagé que je sois rentrée, car la situation s'est dégradée". Avant que sa femme ne quitte le territoire syrien, il s'était assuré de lui faire lire son testament. Dans cette lettre, il lui disait notamment de prendre soin de leurs enfants, et qu'il "ne reviendrait pas". 

A.S.