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Syrie

L'enfant rescapé des bombardements devenu un outil de propagande du régime syrien

Omran, le petit garçon Syrien qui avait été photographié après le bombardement de sa maison en 2016, avec son père en juin 2017

Omran, le petit garçon Syrien qui avait été photographié après le bombardement de sa maison en 2016, avec son père en juin 2017 - George Ourfalian-AFP

Omran, le petit Syrien qui avait été sauvé des décombres de son immeuble bombardé à Alep et était devenu le visage des victimes civiles de Bachar al-Assad, a été retrouvé. Mais l'enfant sert aujourd'hui la propagande du régime.

Son visage avait fait la une des journaux du monde entier et ému la communauté internationale. Omran Daqneesh, le petit Syrien qui était apparu assis dans une ambulance la figure maculée de poussière et de sang après le bombardement de son immeuble à Alep en août 2016, a été retrouvé. Il vit toujours à Alep, relogé par le gouvernement.

"Je n'ai pas eu peur"

France 2 a remonté la trace de ce petit garçon qui était devenu le symbole des victimes civiles de la guerre et des violences de Bachar al-Assad, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres et d'actes de torture. Omran a raconté ses souvenirs du bombardement. 

"Je me rappelle juste que la lumière s'est éteinte d'un seul coup et que le portable de papa s'était cassé", se remémore l'enfant. "Je n'ai pas eu peur."

Il assure avoir subi des pressions de la part des rebelles

Selon le père de l'enfant, aujourd'hui "tout va bien, on tente d'oublier ce qu'il s'est passé cette nuit-là. La vie doit continuer, il faut tourner la page". La famille se serait vue proposer jusqu'à 10.000 pour des photos et des interviews d'Omran. Mais le père assure avoir refusé toutes les demandes.

"Je ne cherchais pas la publicité, je ne voulais pas qu'on utilise (mon enfant, NDLR) de cette façon-là", déclare-t-il à la caméra de France 2.

Bachar el-Assad avait mis en doute la véracité de l'image du petit garçon, assurant que c'était "une image construite, pas une vraie, un montage". Alors que ni l'enfant ni son père n'avaient témoigné dans les médias, au mois de juin dernier, Omran est apparu pour la première fois sur des chaînes de télévisions officielles syrienne et russe, précise Slate.

Dans ces vidéos, le père de l'enfant remet en cause l'origine des frappes aériennes et assure que, alors qu'il essayait de sortir sa famille des décombres, les casques blancs en profitaient pour filmer ses enfants contre sa volonté. Il indique également avoir subi des pressions pour témoigner contre le régime de Damas.

Un outil de propagande du régime

Dans ces vidéos, l'homme critique également les rebelles opposés à Bachar al-Assad. "Ce sont eux qui nous font du mal et à notre pays et qui provoquent l'exil de nombreuses personnes." Interrogé par France 2 sur d'éventuelles pressions qu'il aurait subies de la part du régime, le père dément et assure avoir décidé de parler de lui-même. Pourtant, c'est Damas qui contrôle et accorde aux médias étrangers les interviews de la famille.

Pour The New York Times, les Syriens interrogés par les médias en faveur de Bachar al-Assad "ne peuvent pas parler librement", menacés d'être arrêtés s'ils critiquent le gouvernement. Et le quotidien américain estime que l'enfant est désormais devenu un outil de propagande du régime pour discréditer l'opposition.

Céline Hussonnois-Alaya