Kadhafi et Al-Assad espionnaient-ils leur peuple via des logiciels français?
"Imaginer que mon travail, pendant toutes ces années, a servi à des tyrans comme Kadhafi ou Al-Assad, que des opposants ont été repérés, arrêtés et torturés à cause de la technologie que nous leur avons fourni… tout cela me rend malade". Un ancien salarié d'une entreprise française soupçonnées d’avoir fourni du matériel d’espionnage aux régimes syrien et libyen témoigne ce mardi dans le Parisien.
D’après les informations du quotidien, Qosmos et Amesys auraient développé des programmes de surveillances massives des réseaux qu’ils auraient vendus à des régimes dictatoriaux.
La traque des opposants
James Dunne, 49 ans, a travaillé pour la société Qosmos qui développait le programme Eagle, vendu jusqu’en 2008 à la société Amesys et destiné à la Libye, et le projet Asfador, destiné à la Syrie. "Dans les deux cas, il s’agissait de passer au crible l’ensemble des informations circulant sur le web de ces pays avec pour objectif la traque des opposants", explique le journal. Un business trouble qui aurait pris fin avec les révélations de la presse lors du Printemps arabe en 2011.
Mais quand on lui demande si Qosmos fournit toujours des programmes de surveillance à des régimes tyranniques, James Dunne fournit une réponse de plus ambivalentes : "J’aimerais pouvoir vous répondre par la négative, mais comment en être sûr?". James Dunne a été licencié en 2012 pour "faute grave" et est aujourd’hui poursuivi en justice pour "dénonciation calomnieuse" par Qosmos.
"Je pensais que Qosmos travaillait pour le gouvernement français" assure-t-il. Bien qu’il se soit "posé des questions", et se soit senti gêné, James Dunne l’affirme : "je n’avais aucune raison de penser que ces programmes étaient destinés à des dictatures".
Deux enquêtes pour "complicité de torture"
De son côté, l’avocat de Qosmos réfute toute interception de masse et évoque "un projet d’interception légale ciblée" qui, d’ailleurs, "n’a jamais été opérationel" et des collaborations qui ont pris fin entre 2008 octobre 2011.
Deux enquêtes ont été ouvertes en 2012 par la justice, saisie par la fédération internationale des droits de l’homme, pour "complicité de torture". Des opposants à l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi devraient témoigner à la fin du mois de juin.
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