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Gaz sarin en Syrie: "Une ligne franchie", et ensuite?

L'utilisation d'armes chimiques en Syrie a été confirmée par Paris et Londres

L'utilisation d'armes chimiques en Syrie a été confirmée par Paris et Londres - -

Pour la première fois, la France puis la Grande-Bretagne ont annoncé avoir des preuves de l'utilisation de gaz en Syrie. Que va-t-il désormais se passer ? Éléments de réponse avec Jean-François Daguzan, directeur-adjoint à la Fondation pour la Recherche Stratégique.

"Une ligne a été incontestablement franchie", a déclaré mardi Laurent Fabius, après avoir confirmé que du gaz sarin avait été utilisé en Syrie. Mais cette "ligne", qui devait à l'origine représenter un casus belli, va-t-elle réellement entraîner "une réponse massive et foudroyante", comme avait prévenu, en septembre dernier, le ministre français des Affaires étrangères? Nous avons posé la question à Jean-François Daguzan, directeur-adjoint à la Fondation pour la Recherche Stratégique, et directeur de la revue Maghreb-Machrek.

Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, a déclaré mardi avoir "la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée", pourquoi l'annoncer maintenant?

Cela fait plusieurs semaines voire des mois, que les soupçons d'usage d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad planent. Si des recherches étaient déjà sans doute amorcées par les services de renseignement français, il fallait "un faisceau concordant d'indices", avant d'annoncer quoi que ce soit. De plus, rassembler un nombre suffisant d'échantillons prend également du temps. Mais il est certain que la mise en scène médiatique du Monde a, en quelque sorte, forcer les Etats à réagir.

Quid de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques de 1993? Qu'attend-on pour intervenir?

La communauté internationale ne peut intervenir non seulement sans les Etats-Unis mais est également obligée d'avoir l'accord de la Russie. Or, cette dernière est une alliée de la Syrie. Si une opération avait lieu sans l'accord de la Russie, les conséquences politiques, diplomatiques et militaires risqueraient d'être très lourdes.

Les Etats-Unis restent dubitatifs sur l'utilisation d'armes chimiques. Pour quelles raisons?

Le cabinet de Barack Obama est très réticent à l'idée d'une intervention militaire et dans l'armement des rebelles. Hormis le fait qu'il ne souhaite pas entrer en guerre, Washington veut être sûr que l'usage de gaz n'est pas une manipulation de la part des insurgés islamistes radicaux, comme s'est interrogée Carla Del Ponte (membre de la commission d'enquête de l'ONU en Syrie, ndlr).

La conférence de paix à Genève qui devait se tenir initialement en juin a été reportée, au minimum, au mois suivant. Quelles sont ses chances de réussite?

Faibles. Pour qu'il y ait consensus, il faut que les parties prenantes rentrent dans un processus de négociation. Or, personne ne veut lâcher. D'un côté, des insurgés réclament le départ de Bachar al-Assad sans conditions, de l'autre, le régime persiste, boosté par ses dernières victoires sur le terrain.

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Mélanie Godey