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Moyen-Orient

Syrie : vers la fin du régime de Bachar al-Assad ?

Bachard al-Assad.

Bachard al-Assad. - -

Le Premier ministre syrien Riad Hijab a rallié l’opposition ce lundi. La France y voit le signe de la fin du régime de Damas mais les spécialistes estiment que cette défection est loin d’être un coup de grâce.

Le Premier ministre syrien Riad Hijab a fait défection hier. A la tête du gouvernement depuis le mois de juin, il a rallié hier l'opposition syrienne et s'est réfugié avec sa famille en Jordanie. Il avait été nommé à la suite des élections législatives du mois de mai. De confession sunnite, il n'a jamais fait partie du clan alaouite de la famille Assad qui tient les rênes du pouvoir et les postes clés du pays depuis plus de quatre décennies. Depuis le début de la révolte, de nombreux proches de Bachar al-Assad ont démissionné pour protester contre la répression exercée par le régime.

« C’est loin d’être un coup de grâce »

Pour le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, la défection du Premier ministre illustre « la fragilisation du régime de Damas » et « sa fin proche ». Pourtant pour Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, la chute du régime de Damas est loin d’être acquise. « C’est loin d’être un coup de grâce, le régime ne va pas s’effondrer parce que le Premier ministre est parti, explique-t-il. Le Premier ministre en Syrie n’a pas beaucoup de pouvoir, c’est un fusible qu’on fait sauter et qu’on remplace aisément. En l’occurrence, Riad Hijab était Premier ministre depuis 2 mois, donc il n’a pas beaucoup de crédit au sein du pouvoir, ce n’est pas une grosse perte sur le plan de l’appareil d’état, ce n’est pas comme si Walid al-Mouallem, le ministre des Affaires étrangères était parti. En revanche, sur le plan symbolique, cela montre la faiblesse du régime syrien. A l’avenir, le prochain Premier ministre sera quelqu’un de plus médiocre dont on est sûr qu’il restera à son poste ».

« Le régime est encore le plus fort sur le plan militaire »

Selon Fabrice Balanche, le régime de Bachar al-Assad est plus puissant que l’opposition : « Le régime est encore le plus fort sur le plan militaire. Ça lui permet de reprendre du terrain à Damas, ça va lui permettre de reprendre Alep dans les prochaines semaines, mais le régime ne pourra pas reprendre tout le territoire, surtout les campagnes et les petites villes, du fait que la population sunnite qui représente les ¾ de la population syrienne se détache progressivement du régime. Ne restent autour du régime que les Alaouites, les Chrétiens, les Druzes c’est-à-dire les minorités, donc on va vers une agonie lente du régime syrien qui va durer des mois, voire des années, mais on ne peut pas dire qu’il va s’écrouler demain ».

« Je crois qu’on va assister à un vrai carnage »

Sur le terrain, les forces syriennes affirment contrôler la capitale Damas et bombardent Alep, la deuxième ville du pays depuis le 20 juillet. Un haut responsable de la sécurité dans la région a même assuré que les raids aériens et les bombardements sur Alep n'étaient que le « hors-d'oeuvre » à une bataille de grande ampleur. Randa Kassis, opposante syrienne et membre du Conseil national syrien est inquiète du massacre qui pourrait se produire dans la deuxième ville du pays : « Le régime jusqu’à aujourd’hui n’a pas sérieusement bombardé Alep. C’était juste une préparation, c’est-à-dire fermer les entrées pour ne pas laisser les miliciens fuir d’Alep, assiéger la ville complètement pour frapper quelques quartiers. Je crois qu’on va assister à un vrai carnage. Il faut savoir que ce régime ne va pas lâcher Alep parce que s’il perd Alep, ça sera vraiment sa chute ».
Selon un responsable de la sécurité, au moins 20 000 militaires ont été déployés sur le front d'Alep, où les rebelles comptent pour leur part entre 6 000 et 8 000 hommes, d'après le journal Al-Watan, proche du pouvoir.

La Rédaction, avec Cécile Bourgneuf