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Moyen-Orient

Soldats morts en Afghanistan : colère et douleur des familles

A gauche et à droite : l’officier Thomas Gauvin (27 ans) et l’adjudant Laurent Marsol (35 ans), du RCP de Pamiers. Au centre : l’adjudant Emmanuel Techer (38 ans), du 17e régiment du génie parachutiste de Montauban.

A gauche et à droite : l’officier Thomas Gauvin (27 ans) et l’adjudant Laurent Marsol (35 ans), du RCP de Pamiers. Au centre : l’adjudant Emmanuel Techer (38 ans), du 17e régiment du génie parachutiste de Montauban. - -

Après l’attentat-suicide qui a tué 5 soldats français ce mercredi en Afghanistan, reportage à Pamiers (Ariège), où le 1er Régiment de chasseurs parachutistes est touché pour la troisième fois depuis mai. Tristes et en colère, des parents de victimes témoignent.

Parmi les cinq soldats français tués ce mercredi en Afghanistan, deux hommes appartenaient au 1er Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers dans l'Ariège.

« 4 morts dans le régiment de mon fils depuis mai… »

Edwige travaille au café de la Poste à Pamiers. Son fils, Roland, est dans la vallée de la Kapisa, avec ses collègues du 1er RCP. Hier mercredi, Edwige a craint le pire durant de longues minutes. Elle veut que tout cela cesse : « Depuis le mois de mai, ça fait quand même 4 morts dans son régiment, donc c’est pas évident, même pour lui aussi là-bas. C’est ses copains, ils sont partis ensemble. Je ne parle pas de ça avec lui, mais je sais que c’est très dur ; quand je l’ai au téléphone, il a la voix très triste et moi j’essaie de lui dire que ça va, mais ça ne va pas du tout. C’est très dur, on a très mal parce que, même si c’est pas mon fils, on pense aux autres parents ».

« Affligée », la maire « a peur que ça continue… »

Françoise Pancaldi est maire adjointe de Pamiers. Comme tous les habitants de la ville, elle est très affectée. Selon elle, la liste est déjà trop longue : « c’est malheureusement le troisième choc : une première victime il y a un mois ; une semaine après, de nouveaux la ville et le régiment secoués ; et aujourd’hui je ne sais plus quoi dire, parce que c’est vraiment affligeant, atterrant. Je pense aux épouses… Et c’est mon cœur de mère qui parle ; j’ai peur que ça continue encore… ».

« Je ne sais toujours pas comment mon fils est décédé en 2008 »

Sylvie a perdu son fils aîné de 25 ans lors de l'embuscade des talibans en 2008. Aujourd’hui, toujours en colère et très émue, elle déplore le manque de soutien des autorités : « On n’a aucun suivi ; j’attends encore un psychologue. Après la cérémonie aux Invalides, personne n’est venu nous voir ; vous vous débrouillez. Mon sentiment ? La colère. Je tenais absolument à savoir comment mon fils était décédé ; on nous a rien expliqué du tout. La vérité on la connaîtra peut-être un jour, mais dans combien de temps ? Et de toute façon, on s’en remettra jamais… je pense énormément aux familles ».

« J’ai envie de leur dire que leurs enfants sont des héros »

Joël Le Pahun a aussi perdu son fils de 20 ans, le caporal Julien Le Pahun, dans l'embuscade des talibans en 2008. Et pour lui, l'annonce de ces nouveaux décès en Afghanistan, « c’est une déchirure : on revit ce qu’on a déjà vécu, on se met à la place des parents qui l’ont appris et qui vont devoir vivre avec et le subir maintenant au quotidien. On partage malheureusement aujourd’hui la même douleur. J’ai envie de leur dire que leurs enfants sont des héros, qu’il faut qu’ils en soient fiers, qu’il ne faut pas qu’ils aient peur d’en parler, de partager ça avec des familles qui l’ont connu ; je m’arrangerai pour contacter chacune de ses familles ».

La Rédaction, avec Jean-Wilfrid Forquès et Emilie Valès