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Poursuite des violences en Syrie malgré les observateurs

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par Mariam Karouny et Erika Solomon BEYROUTH (Reuters) - La présence des observateurs de la Ligue arabe n'a pas enrayé la spirale de la répression...

par Mariam Karouny et Erika Solomon

BEYROUTH (Reuters) - La présence des observateurs de la Ligue arabe n'a pas enrayé la spirale de la répression en Syrie où les forces de sécurité ont tué 25 manifestants à travers le pays, mettant à mal la promesse du gouvernement d'engager un processus pacifique.

Les violences ont été signalées lors de manifestations dans plusieurs villes du pays où la répression du mouvement de contestation du régime du président Bachar al Assad a fait 5.000 morts depuis mi-mars selon l'Onu.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, une ONG basée à Londres) les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants dans plusieurs villes, blessant une centaine de personnes.

Six des 25 manifestants tués ont été recensés à Hama peu de temps après la visite des délégués de la mission panarabe dans cette localité, d'après l'OSDH.

A Douma, dans la banlieue de Damas, des habitants en colère ont lancé une campagne de désobéissance civile et des milliers d'opposants ont organisé un sit-in sur la place centrale. Quatre manifestants ont été tués par des tirs des forces de sécurité.

"Les militants ont appelé à une désobéissance civile complète. Les rues ont été bloquées et les magasins ont été fermés et la ville est paralysée", a rapporté Rami Abdelrahman, responsable de l'OSDH.

Des voitures portant le logo de la Ligue arabe auraient été aperçues dans les faubourgs de Damas mais l'information n'a pas été confirmée.

Cinq autres personnes, qui n'ont pas été identifiées, ont été tuées par balle à proximité de sites militaires de la ville d'Idlib, près de la frontière avec la Turquie, où étaient attendus les observateurs après un passage à Deraa et Hama retransmis à la télévision au cours de la journée.

TIREURS EMBUSQUÉS

A Hama, des habitants sont descendus dans les rues pour attendre la venue des observateurs, précédée par un déploiement de forces de l'ordre et de tireurs embusqués sur les toits.

La ville, située sur un arc sud-nord de 450 km le long duquel s'est développée la contestation, conserve le souvenir des 30.000 tués dans la répression menée par les troupes d'Hafez al Assad contre un soulèvement religieux en 1982.

En milieu d'après-midi, des manifestants présents à Idlib n'étaient pas parvenus à entrer en contact avec les membres de la délégation qui n'étaient semble-t-il pas encore arrivés.

"Où sont-ils? Nous avons travaillé très dur pour préparer cette visite. Nous avons des témoins et des documents concernant des morts et des bombardements", a expliqué un militant d'Idlib.

"Les gens veulent manifester mais les observateurs ne sont pas là. La présence des forces de sécurité est grande. Ils se sont préparés autant que nous", a-t-il ajouté.

Les délégués de la Ligue arabe devaient poursuivre leurs inspections jeudi après avoir passé la journée de mardi dans la cité de Homs, un des berceaux de la contestation.

EN QUÊTE DE CRÉDIBILITÉ

Plus le temps passe et plus cette mission, arrivée lundi soir en Syrie, peine à asseoir sa crédibilité au troisième jour de sa présence sur le terrain.

Son chef, le général soudanais Moustafa Dabi, avait estimé mercredi qu'il n'y avait "rien d'alarmant" à Homs, ville du centre du pays dont certains quartiers ont été la cible d'une violente répression, selon des ONG.

Plusieurs voix, dont celle de la France, se sont aussitôt élevées pour contester cette évaluation jugée hâtive de la situation humanitaire.

Le général Dabi avait ensuite nuancé ses propos en précisant que la mission n'en était qu'à ses tout débuts et que de nouvelles investigations étaient nécessaires.

Les opposants au gouvernement ont affirmé que Homs avait subi de nouvelles violences, avec une trentaine de personnes tuées à la veille de l'arrivée de la mission.

Des habitants du quartier de Baba Amr, l'un des plus sévèrement touchés, ont refusé de rencontrer les observateurs, infligeant un camouflet à cette initiative internationale.

La Ligue arabe, qui tente d'asseoir grâce à cette initiative son rôle de médiateur dans la région, sait que tous les regards sont tournés sur cette mission.

Son secrétaire général Nabil Elarabi a reconnu que la délégation avançait dans l'inconnu mais que dans le délai d'une semaine elle serait en mesure de savoir si la Syrie respecte les engagements pris pour entamer un processus de paix.

De leur côté, les autorités syriennes ont affirmé fournir tous les moyens nécessaires pour que la mission puisse évaluer les efforts visant à mettre fin à neuf mois de violences.

"Les observateurs disposent de toutes les facilités dont ils ont besoin sans exception et cela se traduit dans les déclarations positives du chef soudanais des observateurs", a déclaré un porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères dans un courrier électronique.

Pierre Sérisier, Marine Pennetier et Jean-Loup Fiévet pour le service français