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Palestine

Procès d'Ahed Tamimi, 17 ans, devenue icône palestinienne

Le procès d'Ahed Tamimi, une jeune Palestinienne de 17 ans accusée d'avoir frappé deux soldats israéliens, s'ouvre ce mardi devant un tribunal militaire. En détention provisoire depuis décembre, elle risque sept ans de prison.

Le procès d'Ahed Tamimi, une adolescente palestinienne de 17 ans, s'ouvre ce mardi devant un tribunal militaire israélien. La jeune fille comparaît aujourd'hui pour douze chefs d'inculpation, notamment pour "avoir agressé des forces de sécurité, lancé des pierres, avoir proféré des menaces, avoir participé à des émeutes".

Le 15 décembre, elle avait été filmée en train de donner des coups de pieds et de poings à deux soldats israéliens dans le village cisjordanien de Nabi Saleh, où elle réside. Les deux hommes, équipés de casques et tenues de combat, étaient restés globalement passifs.

Le père d'Ahed, Bassem Tamimi, affirmait à Al-Jazeera en décembre que l'altercation s'était produite après que des forces israéliennes eurent tiré du gaz lacrymogène dans leur maison. Il expliquait également que ce même jour, son neveu de 14 ans avait reçu une balle dans la tête à bout portant, tirée par des soldats israéliens.

"Changer l'opinion mondiale vaut bien 1 ou 2 ans de prison"

Depuis son arrestation le 19 décembre, en compagnie de sa mère Narimam et de sa cousine Nour, Ahed Tamimi est restée en détention provisoire malgré son jeune âge. Elle risque jusqu'à sept ans de prison.

Loin de se lamenter, son père, activiste reconnu, considère la prison comme une étape du combat palestinien.

"Ce n'est pas un lourd tribut d'être emprisonné ou même tué pour défendre sa liberté et la justice, ou sa dignité. Changer l'opinion mondiale vaut bien un ou deux ans de prison, ce n'est pas si cher payé", estime ainsi sur BFMTV Bassem Tamimi.

Influencer l'opinion publique internationale, Ahed semble avoir grandi dans ce but.

A 11 ans, déjà consciente du pouvoir des images, elle attend qu'une caméra la filme pour menacer un soldat, manifestement formé pour ne pas riposter. Pourtant, Israël est loin de prendre à la légère le dossier de ces jeunes activistes.

"Ce n'est pas une petite fille. C'est une terroriste"

"Ce n'est pas une petite fille. C'est une terroriste", assène Miri Regev, ministre israélienne de la Culture et des Sports. "Elle n'a pas sa place dans notre pays ni ailleurs. Et ceux qui l'ont créée sont des extrémistes, des gauchistes venus de l'étranger qui essaient de faire coexister tous les citoyens dans le même pays, mais ça ne marchera pas", martèle la ministre.

Les organisations de défense des droits de l'Homme et l'Union européenne ont exprimé leur préoccupation.

Le bureau du Haut Commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme a exprimé sa "profonde inquiétude", soulignant dans un communiqué que, selon les normes internationales, un enfant ne devait être détenu qu'en dernier recours.

"Des aspects du traitement dont cette enfant fait l'objet reflètent celui de centaines d'autres enfants palestiniens arrêtés et détenus par les forces de sécurité israéliennes dans le territoire occupé", a-t-il dit.

L.A., avec Loïc Besson, Julia Delage et AFP