La ville biblique de Bethléem n'installera pas de sapin de Noël afin de dénoncer la guerre à Gaza

Pour protester contre l'offensive israélienne menée à Gaza, la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée, considérée par les chrétiens comme le lieu de naissance de Jésus, n'installera pas son traditionnel sapin de Noël.

Un Noël au goût amer. La ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, considérée par les chrétiens comme la ville de naissance de Jésus, accueille habituellement à cette période de l'année des milliers de pèlerins et de touristes venus admirer les décorations de Noël et participer aux festivités. Cette année, en raison de la guerre entre Israël et le Hamas, il n'en est rien.

Depuis le 7 octobre, les rues sont désertes, de nombreux magasins de souvenirs sont fermés. Et, contrairement à la tradition, aucun arbre de Noël ne sera dressé sur la place de la Nativité.

Une première depuis 1994 a confirmé le maire de la ville située au sud de Jérusalem, ce mardi 12 décembre, à l'agence de presse palestinienne Wafa. Et ce, pour protester contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza et la politique de répression en Cisjordanie où se multiplient les attaques de colons contre des Palestiniens.

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, 18.412 personnes sont mortes dans la bande de Gaza depuis les attaques terroristes du 7 octobre en Israël et environ 270 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie occupée.

La municipalité avait dans un premier temps envisagé de dresser un sapin, démuni de décoration mais drapé de noir. Elle a finalement décidé, en concertation avec le clergé, de faire l'impasse sur le sapin et sur toute décoration dans les rues.

Le maire de Bethléem Hanna Hanania précisé que la traditionnelle procession du patriarche se déroulera sans musique.

L'enfant Jésus au milieu de gravats

Une crèche, installée à l'intérieur de la basilique de la Nativité, représente quant à elle l'enfant Jésus, couché au milieu de gravats, afin de montrer "la réalité endurée par la population et les enfants de Gaza".

Une scène de la nativité du Christ avec une figure "symbolisant l'enfant Jésus couché dans sa mangeoire au milieu des décombres", en référence à Gaza, à l'intérieur de l'église évangélique luthérienne de Bethléem, en Cisjordanie occupée, le 6 décembre 2023, quelques semaines avant Noël, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. © HAZEM BADER / AFP

"C'est le pire Noël de tous les temps. Bethléem est fermée pour Noël. Pas d'arbre de Noël, pas de joie, pas d'esprit de Noël", a déclaré Joey Canavati, propriétaire de l'hôtel Alexander vidé de ses touristes, à Reuters.

Il ajoute auprès de Radio Canada: "Nous n'avons pas de clients, personne. Et les réservations pour 2024 ont toutes été annulées".

Si l'économie de la ville est affectée, pour Khouloud Daibes, une personnalité locale engagée pour la préservation du patrimoine de la ville, interrogée par RFI, le problème n'est pas là.

"Je trouve que le plus important ce n’est pas de parler d’économie ou de tourisme, parce qu’on parle de la vie des gens, des innocents ont perdu la vie, déclare-t-il. [...] Les conséquences de la guerre, l’avenir du peuple palestinien, ce sont les défis de demain".

Juliette Brossault