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Médecins Sans Frontières a ouvert un hôpital fixe en Syrie

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par John Irish PARIS (Reuters) - L'association Médecins Sans Frontières (MSF), qui a ouvert un hôpital dans le nord de la Syrie dans une zone...

par John Irish

PARIS (Reuters) - L'association Médecins Sans Frontières (MSF), qui a ouvert un hôpital dans le nord de la Syrie dans une zone contrôlée par les rebelles, dit être confrontée à des blessures de plus en plus graves parmi les victimes des combats.

MSF, qui refusait jusque-là de donner des détails sur ses opérations en Syrie, a annoncé mardi avoir envoyé en juin une équipe de médecins étrangers dans le nord du pays pour ouvrir cet hôpital qui fonctionne depuis sans discontinuer grâce à une équipe de sept personnes soutenue par 50 personnes sur place.

D'après MSF, la situation s'est fortement dégradée depuis le 18 juillet et l'attentat revendiqué par les rebelles contre l'appareil sécuritaire de Damas. Quatre hauts responsables syriens sont morts dans cet attentat, dont le ministre de la Défense et le beau-frère du président Bachar al Assad.

"Cette attaque a donné du courage à l'Armée syrienne libre et on a commencé à voir des blessures plus graves, causées par des obus de gros calibre", confie l'anesthésiste Brian Moller, de retour à Paris.

Plus de 18.000 personnes ont été tuées en Syrie dans les violents affrontements qui opposent depuis plus de 17 mois l'armée et les insurgés. Au moins 170.000 Syriens ont fui le pays et 2,5 millions de personnes ont besoin d'aide à l'intérieur du pays, d'après les Nations unies.

MSF envoie des médecins en Syrie depuis près d'un an, de manière clandestine et pour de courtes périodes. Face au refus du gouvernement de les laisser s'installer dans le pays, l'association a décidé de s'implanter dans une zone où les forces d'Assad ont perdu le contrôle au profit des insurgés.

En juin, MSF a ainsi transformé une maison en un hôpital de fortune qui peut accueillir jusqu'à 30 patients et dispose de 12 lits, de salles d'opération et de matériel d'échographie.

150 OPÉRATIONS

"Nous avons cherché un endroit où nous pourrions garantir l'accès à nos patients, la sécurité à notre équipe, et la continuité des soins", explique le directeur général de MSF, Felipe Ribeiro. "C'est pour cela que nous avons décidé de prendre le risque d'installer un hôpital fixe, ouvert 24 heures sur 24", ajoute-t-il.

L'association a conduit environ 150 opérations depuis juin sur des blessés qui arrivent à l'hôpital grâce au bouche-à-oreille et font parfois jusqu'à 150 km pour l'atteindre.

MSF a informé les autorités syriennes de ses opérations et celles-ci lui ont "poliment" demandé de quitter le pays, a déclaré mardi Felipe Ribeiro. L'association n'a toutefois pas reçu de menaces directes.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est rendu la semaine dernière au Liban, en Jordanie et en Turquie, trois pays voisins, pour évoquer la situation syrienne. La France, qui préside le Conseil de sécurité de l'Onu, a convoqué une réunion de cette instance au niveau ministériel pour la fin du mois à New York.

Felipe Ribeiro dit attendre de l'Onu "qu'elle fasse une différenciation claire entre ce qui est de l'ordre de l'aide humanitaire, neutre et impartiale, et ce qui est de l'ordre de l'effort diplomatique".

"Nous ne pouvons pas mélanger les deux. Le fait de ne pas trouver de solution politique au conflit ne doit pas nous pousser à nous cacher derrière l'aide humanitaire."

Chine Labbé pour le service français, édité par Gilles Trequesser