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Moyen-Orient

Liban: pourquoi les braquages de banque se multiplient ces dernières semaines

Les épargnants libanais sont de plus en plus nombreux à braquer leur banque pour obtenir l'argent bloqué sur leurs comptes.

Alors que le Liban est touché par une crise politique et économique sans précédent selon la Banque mondiale, les citoyens sont nombreux à vouloir retirer leurs économies dans les banques. Comme les comptes sont gelés depuis trois ans, des Libanais se mettent à braquer leur banque pour obtenir leur argent.

Cinq braquages ont eu lieu sur la même journée de vendredi à Ghaziyeh, Ramlet el-Baïda et Beyrouth notamment. Le quotidien libanais L'Orient-Le Jour recense d'ailleurs en temps réel les différents braquages de banque dans le pays.

Multiplication des braquages

Le phénomène s'accélère depuis la mi-août avec des braquages quasiment quotidiens. La monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar suscitant une inquiétude encore plus forte de la population qui met en cause la mauvaise gestion, la corruption et l'inertie de la classe politique actuelle.

Certains épargnants médiatisent même leur action comme Sali Hafiz qui s'est rendue dans sa banque mercredi, arme en poing, pour récupérer les 20.000 dollars sur son compte.

Elle a expliqué, dans une vidéo tournée en direct lors du braquage et publiée sur les réseaux sociaux, devoir payer les frais d'hospitalisation pour sa sœur atteinte d'un cancer. La jeune femme avait également convié quelques journalistes pour assister au braquage, dont nos confrères de Libération.

Fermeture des banques dès lundi

Face à ces multiples braquages, le ministre de l'Intérieur a convoqué une réunion d'urgence "pour prendre les mesures sécuritaires nécessaires", souligne L'Orient-Le Jour.

L’Association des banques du Liban a décidé de fermer tous les établissements dès lundi et pendant trois jours, rapporte la télévision libanaise Al-Jadeed. Dans un communiqué, l'association indique déplorer les "violences" subies par les employés de banque tout en invitant le gouvernement libanais à "faire passer des lois" pour sortir le pays de la crise économique qui perdure.

Ciblée par un braquage vendredi matin dans une de ses succursales à Ghazieh, la Byblos Bank a, elle, décidé de fermer "toutes ses agences dans le sud du Liban jusqu'à nouvel ordre".

De son côté, l'Association des déposants libanais a exprimé son soutien aux auteurs de ces braquages, affirmant qu'ils font face à "l'injustice et à l'oppression".

Amaury Tremblay