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Moyen-Orient

Les vidéos de voitures sans chauffeur affolent le web saoudien

Les vidéos de "ghost driving" envahissent les réseaux sociaux en Arabie saoudite depuis quelques semaines. Le principe est toujours le même: on y voit un véhicule avancer sans chauffeur avec en fond musical, la chanson d'un jeune poète bédouin. Si le résultat est plutôt drôle, il ne fait pas rire tout le monde dans ce pays conservateur.

Une voiture qui avance sans chauffeur suivi d'un tapis magique, un tracteur qui recule tout seul avec des jeunes qui font de la balançoire sur sa fourche, un pick up transformé en piscine sans conducteur encore ou bien un bateau qui navigue dans le désert sans matelot.

Depuis quelques semaines, la jeunesse saoudienne rivalise d'ingéniosité et d'imagination en postant sur les réseaux sociaux des vidéos de véhicules sans chauffeur.

Toutes ces vidéos ont en commun d'avoir donc un véhicule qui avance grâce à un chauffeur fantôme, d'où le nom du phénomène "ghost driving" et de reprendre la même musique en fond sonore. Il s'agit de la récitation d'un poème d'amour, intitulé "Hier, de soucis, mon cœur n'a pas trouvé de repos". C'est le jeune poète saoudien Jahaz Al-Chellahi qui l'a mise en ligne le 6 janvier, et elle très vite devenue populaire.

Gros succès dans le royaume ultraconservateur

D'après Courrier International, la chanson a inspiré un groupe d'amis qui a posté la première vidéo du genre après un week-end dans le désert. On y voit un un pick up avancer sans chauffeur avec à l'arrière quelqu'un faisant mine de pagayer. Et c'est ainsi que la vague est partie.

D’un point de vue mécanique, ils bloquent avec un outil la transmission, tout en verrouillant la voiture sur le mode 'conduite lente' ou recourent au limitateur de vitesse sur les 4x4 et les voitures toutes options", expliquent les Observateurs de France 24.

La célèbre vidéo d'un Américain qui s'était caché dans son siège en 2013 et filmait les réactions des employés d'un Mac Drive face au chauffeur fantôme, est sans doute également une source d'inspiration.

Le phénomène connaît en tout cas un tel succès dans le royaume que plusieurs chaînes de télévision ont réalisé des reportages, comme celui-ci où le reporter explique la tendance dans les conditions d'un "ghost driving".

"Ils nuisent à l'identité saoudienne"

Problème, dans un pays ultraconservateur, les critiques n'ont pas tardé à s'élever. Sur la chaîne Khalijiya, on n'hésite pas à dire que cela "illustre les soucis de la jeunesse saoudienne, qui ne trouve pas d'autres moyens pour exprimer son mal-être", rapporte Courrier international.

Un grand éditorialiste du pays, Ali Al-Moussa, soupçonne même "des organisations douteuses ou des services de renseignements étrangers de vouloir renforcer les clichés d'un pays arriéré et de dévaloriser tout ce que l'Etat a fait [pour développer le pays]".

Quant au journal koweïtien Al-Kuwaitiah, il rapporte d'autres réactions critiques qui s'expriment dans les pays du Golfe à ce sujet: "Nous ne sommes pas contre le fait de rire de temps en temps, mais les auteurs de ces vidéos exagèrent. Ils ne savent pas ce qu'ils font. Ils nuisent à l'identité saoudienne. C'est comme avec les drogues qui se répandent. Il faudrait être plus sévère pour y mettre un terme."