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Moyen-Orient

Les doutes se multiplient sur la mission de la Ligue en Syrie

Un membre de la mission d'observation de la Ligue arabe, la semaine dernière près de Deraa, dans le sud de la Syrie. Plusieurs observateurs de l'organisation panarabe ont quitté la Syrie ou pourraient le faire prochainement pour dénoncer l'incapacité de l

Un membre de la mission d'observation de la Ligue arabe, la semaine dernière près de Deraa, dans le sud de la Syrie. Plusieurs observateurs de l'organisation panarabe ont quitté la Syrie ou pourraient le faire prochainement pour dénoncer l'incapacité de l - -

par Alistair Lyon BEYROUTH (Reuters) - Plusieurs observateurs de la Ligue arabe ont quitté la Syrie ou pourraient le faire prochainement face à...

par Alistair Lyon

BEYROUTH (Reuters) - Plusieurs observateurs de la Ligue arabe ont quitté la Syrie ou pourraient le faire prochainement face à l'incapacité de la mission à mettre un terme à la répression des manifestations hostiles au président Bachar al Assad, rapporte jeudi un ancien observateur.

L'opposition syrienne estime que les observateurs, qui sont arrivés le 26 décembre en Syrie pour vérifier l'application d'un plan de sortie de crise, permettent avant tout au président syrien de gagner du temps dix mois après le début du mouvement de contestation.

Accepté par Damas en novembre, le plan prévoit la libération des prisonniers politiques, le retrait des chars des villes, la fin de la répression et l'ouverture d'un dialogue avec l'opposition.

Mais selon un haut dirigeant de l'Onu, le nombre de manifestants tués en Syrie s'est accru depuis le début de la mission. La répression des manifestations antigouvernementales a fait plus de 5.000 morts depuis mi-mars 2011, selon les Nations unies.

Selon l'Algérien Anouar Malek, qui a quitté la mission cette semaine estimant qu'il n'était pas en mesure d'empêcher "des scènes d'horreur", de nombreux observateurs partageraient son point de vue.

"Je ne peux pas préciser combien mais ils sont nombreux. Quand vous parlez avec eux, leur colère est évidente", a-t-il dit au téléphone à Reuters, du Qatar. De nombreux observateurs ont reçu des ordres de leur gouvernement de ne pas quitter la mission, ajoute-t-il.

Un spécialiste juridique marocain, un travailleur humanitaire de Djibouti et un Egyptien ont également quitté la mission, a-t-il rapporté.

Ces départs n'ont pas pu être confirmés dans l'immédiat mais un autre observateur, qui a souhaité garder l'anonymat, a dit à Reuters qu'il prévoyait de quitter la Syrie vendredi.

"La mission ne sert pas les citoyens, elle ne sert à rien", a-t-il dit.

DIVISIONS

La Ligue arabe, qui recevra le 19 janvier le rapport complet de la mission d'observation, est divisée sur le dossier syrien, entre le Qatar ouvertement critique de la répression et l'Algérie qui estime que le gouvernement syrien a fait des efforts.

Aux Etats-Unis, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a dénoncé mercredi le "cynisme glacial" des propos tenus par le président Bachar al Assad et estimé que la mission ne pouvait pas durer indéfiniment.

Le président syrien, qui s'est exprimé à deux reprises en moins de 48 heures, a raillé lors d'un premier discours mardi les tentatives de la Ligue arabe de mettre un terme à la répression.

Face au mouvement de contestation, Assad impute les violences à un "complot terroriste" ourdi de l'étranger et fait état de 2.000 policiers et soldats tués depuis mars.

Au lendemain de la mort du journaliste français Gilles Jacquier, premier reporter occidental tué depuis mars, dans une attaque à Homs, les opposants à Bachar al Assad ont accusé le régime d'avoir organisé l'attaque pour alimenter sa thèse selon laquelle les violences seraient l'oeuvre d'activistes étrangers.

Selon l'agence de presse officielle Sana, le journaliste et les huit autres victimes ont été tués à Homs dans un tir d'obus mené par des "terroristes."

"Les journalistes ont été attaqués dans un bastion du régime fortement militarisé", souligne Wissam Tarif, de l'ONG Avaaz. "Il serait extrêmement compliqué pour tout membre armé de l'opposition de pénétrer dans la zone et de mener une telle attaque."

La Ligue arabe a abandonné l'idée de renforcer son équipe d'observateurs sur place, actuellement au nombre de 165, après l'attaque de 11 observateurs par des manifestations pro-Assad dans la cité portuaire de Lattaquié lundi.

Avec Dominic Evans à Beyrouth, Lin Noueihed au Caire, Patrick Worsnip aux Nations unies, Marine Pennetier pour le service français