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Moyen-Orient

Les armes se sont tues un court instant dans les principales villes de Syrie

Pour la première fois en cinq ans de guerre, le calme règne, ce samedi matin, dans les régions de Syrie tenues par les rebelles et les forces loyalistes. Mais la probabilité que la trêve soit respectée et aboutisse à un cessez-le-feu de longue durée reste cependant très mince.

Les principales villes de Syrie se sont réveillées samedi sans le bruit du canon après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre régime et rebelles, ont affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants. Le cessez-le feu, initié par Washington et Moscou et soutenu par l'ONU, était respecté depuis samedi minuit (vendredi à 23 heures, heure de Paris) dans toutes les régions tenues par les rebelles et le régime, a précisé l'ONG.

C'est la première fois depuis le début de la guerre en mars 2015 que le bruit du canon a cessé dans le pays. Selon l'OSDH, le calme régnait dans les provinces centrales de Homs et Hama, dans celle de Damas et dans la région d'Alep, au nord du pays, où se trouvent forces du régime et rebelles. Aucun raid aérien n'était signalé dans les régions rebelles qui étaient depuis fin septembre la cible des frappes de l'aviation russe alliée du régime.

Des tirs d'obus à Damas à la mi-journée

Une journaliste de l'Agence France-Presse (AFP), qui s'est rendue aux abords de la capitale Damas, avait constaté une quiétude inhabituelle et n'a vu aucune colonne de fumée s'élever de fiefs rebelles comme Jobar et la Ghouta orientale, contrairement aux jours précédents. Mais un peu plus tard, à la mi-journée, des obus ont été tirés par "des groupes terroristes à Douma et Jobar" contre "des quartiers résidentiels de la capitale", a précisé une source militaire, sans faire état de victime.

Dans la ville d'Alep, qui depuis juillet 2012 est un champ de bataille entre régime et insurgées, des habitants de quartiers rebelles ont affirmé que si la trêve se poursuivait ils iraient au parc avec leurs enfants, un plaisir depuis longtemps oublié.

Dans les régions où se trouvent les groupes jihadistes Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, exclus de l'accord de cessation des hostilités, des accrochages intermittents ont eu lieu, selon l'OSDH. Dans le nord de la province de Lattaquié (ouest), des échanges de tirs ont eu lieu entre l'armée et les jihadistes ainsi que dans l'est de la province d'Alep avec l'EI. A Tall Abyad, dans le nord, des combats opposaient les forces kurdes et l'EI qui tentait d'y pénétrer, selon l'ONG. 

Premier cessez-le-feu de cette ampleur

En outre, une voiture piégée a explosé samedi matin à l'entrée est de Salamiyé dans la province de Hama faisant deux morts, selon l'agence officielle Sana. Selon l'OSDH, il s'agit de deux soldats. Cette localité se trouve près de la ligne de front entre régime et EI.

C'est la première que la Syrie connaît un cessez-le-feu de cette ampleur. Le 26 octobre 2012, l'émissaire de l'ONU de l'époque, Lakhdar Brahimi, avait initié un arrêt des combats de quatre jours pour la fête musulmane de l'Adha qui n'avait duré que quelques heures. La localité de Daraya, proche de Damas, était elle aussi calme depuis minuit, selon l'OSDH.

Les militants durant la nuit ont posté des hashtags #Nous sommes tous Daraya et "Pas de Daraya, pas de trêve", en solidarité avec cette localité que le régime a exclu du cessez-le feu en affirmant qu'elle abrite le Front Al-Nosra, ce que l'opposition réfute.

C. P. avec AFP