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Moyen-Orient

L'Iran et les Six relancent les négociations sur le nucléaire

Catherine Ashton, la porte-parole de la diplomatie européenne qui coordonne les six puissances impliquées dans la recherche d'une solution à la crise du nucléaire iranien, en compagnie de Saeed Jalili, le chef des négociateurs iraniens. Après une interrup

Catherine Ashton, la porte-parole de la diplomatie européenne qui coordonne les six puissances impliquées dans la recherche d'une solution à la crise du nucléaire iranien, en compagnie de Saeed Jalili, le chef des négociateurs iraniens. Après une interrup - -

par Fredrik Dahl et Justyna Pawlak ISTANBUL (Reuters) - Après une interruption de quinze mois, les discussions sur le programme nucléaire iranien ont...

par Fredrik Dahl et Justyna Pawlak

ISTANBUL (Reuters) - Après une interruption de quinze mois, les discussions sur le programme nucléaire iranien ont repris samedi à Istanbul dans une atmosphère "constructive", a-t-on appris de sources diplomatiques.

Les participants, république islamique d'un côté et groupe P5+1 de l'autre, ne s'attendent pas à des avancées significatives sur le fond. L'objectif serait plutôt de réamorcer un "processus durable".

La première séance plénière, dans la matinée, s'est déroulée dans une "atmosphère constructive", s'est félicité le porte-parole de Catherine Ashton, haute représentante de l'UE qui coordonne les six puissances impliquées dans la recherche d'une solution à la crise (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie plus l'Allemagne).

"Nous avons eu le sentiment positif qu'ils souhaitaient vraiment un dialogue", a ajouté Michael Mann.

Les représentants des pays occidentaux espèrent avant tout voir Téhéran signaler sa volonté d'engager des négociations de fond. Ceci marquerait déjà une avancée car les Iraniens avaient, lors des discussions de janvier 2011, refusé ne serait-ce que d'évoquer la question nucléaire.

Un tel résultat pourrait ouvrir la voie à une deuxième série de discussions le mois prochain, peut-être à Bagdad, ainsi qu'à de nouvelles négociations pour résoudre un contentieux vieux de dix ans qui écarteraient le spectre d'une intervention militaire contre les installations nucléaires de l'Iran.

UNE "MATINÉE UTILE"

Au terme de la matinée, un diplomate a confié que le climat des discussions était "totalement différent" des précédentes réunions. Le négociateur en chef iranien, Saeed Jalili, n'a pas formulé de conditions préalables à la reprise d'un dialogue.

"Il semble être venu avec l'objectif d'engager un processus sérieux", a déclaré ce diplomate sous le sceau de l'anonymat. "Je dirais que ce fut une utile matinée de travail."

Une seconde séance est programmée dans l'après-midi.

Dès vendredi soir, un dîner de travail avait réuni à Istanbul Catherine Ashton et Saeed Jalili. Leur dîner a duré trois heures et s'est déroulé, selon un diplomate, dans une "atmosphère amicale". Mais les discussions, a-t-il ajouté, ne se sont pas concentrées sur la question nucléaire.

"Ce pour quoi nous sommes ici, c'est pour trouver les moyens par lesquels nous pourrons construire de la confiance entre nous et les moyens par lesquels nous pourrons démontrer que l'Iran s'éloigne d'un programme d'armes nucléaires", a indiqué Catherine Ashton dans un communiqué.

Jalili a dit lui avoir profité de ce dîner pour dire à son interlocutrice qu'il espérait que les grandes puissances gagneraient "la confiance de la nation iranienne".

Les discussions "seront le point de départ d'une négociation très complexe et durant plusieurs mois, la diplomatie permettra de faire baisser quelque peu la pression sur les cours du brut et de diminuer la probabilité d'une attaque israélienne", estime Cliff Kupchan, analyste spécialiste du Proche-Orient chez Eurasia Group.

L'Iran, dont l'économie fondée sur les hydrocarbures pâtit du durcissement des sanctions internationales, pourrait se laisser convaincre d'aborder enfin d'éventuelles restrictions à son programme nucléaire pour alléger la pression, espèrent ces diplomates occidentaux.

"Comme les revenus pétroliers comptent pour plus de la moitié des recettes du gouvernement, le budget va être soumis à rude épreuve cette année avec la chute des exportations de pétrole due aux sanctions et la réduction de la production iranienne", note Mohamed Chakil, analyste basé dans le Golfe.

MOSCOU CONDAMNE LES SANCTIONS UNILATÉRALES

Certains espèrent qu'un accord pourra être trouvé pour la tenue de nouveaux rendez-vous si l'Iran propose un calendrier de nature à convaincre les Six qu'il est prêt à discuter de son programme nucléaire, chose qu'il a refusée par le passé exigeant au préalable l'assouplissement des sanctions internationales.

"Chaque partie, pour ses propres raisons, veut donner à ce stade une chance à la paix, et lancer un processus plutôt que de forcer un règlement rapide", commente Michael Adler, du centre international Woodrow Wilson.

Si l'Iran accepte de réduire son programme d'enrichissement d'uranium pour obtenir du combustible à 20%, un assouplissement des sanctions pourrait être envisagé.

Un diplomate occidental écarte toutefois l'hypothèse qui verrait les Européens lever leur embargo sur les importations de pétrole, qui doit entrer pleinement en vigueur le 1er juillet. "Nous attendons l'entrée en vigueur de l'embargo pétrolier le 1er juillet et il serait surprenant que l'Iran propose quelque chose de nature à revenir sur ce point", a-t-il dit.

Cité par l'agence officielle de presse iranienne Irna, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a estimé qu'il n'existait pas de preuve tangible que le programme nucléaire de Téhéran possédait une dimension militaire comme le soupçonnent les Occidentaux.

Témoignant de l'absence de cohésion au sein du groupe P5+1, Riabkov a également dénoncé les sanctions américaines qui ont contraint de nombreux autres pays à réduire leurs échanges commerciaux avec l'Iran.

Pierre Sérisier, Jean-Loup Fiévet, Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français