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Moyen-Orient

L'Eurocorps part en Afghanistan dans un contexte délicat

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par Gilbert Reilhac STRASBOURG (Reuters) - Un premier contingent de l'Eurocorps partira la semaine prochaine pour l'Afghanistan où cette force de...

par Gilbert Reilhac

STRASBOURG (Reuters) - Un premier contingent de l'Eurocorps partira la semaine prochaine pour l'Afghanistan où cette force de commandement de l'Union européenne sera mise au service de l'Isaf, la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan.

Une cérémonie était organisée mercredi à Strasbourg pour marquer le lancement de cette quatrième mission internationale confiée au Corps européen, la seconde en Afghanistan.

Elle intervient dans un contexte difficile marqué par un désengagement progressif des forces de l'Otan au profit de l'armée afghane, dans un pays où la rébellion des taliban et la criminalité créent un climat d'insécurité permanent.

L'ensemble des forces de la coalition, actuellement de 115.000 hommes appartenant à une quinzaine de nations, aura quitté le pays fin 2014.

"Il y aura de moins en moins de forces, mais il faudra quand même mener des opérations militaires. C'est une tâche très délicate", a souligné, lors d'une conférence de presse à Strasbourg, le général allemand Walter Spindler, commandant en second de l'Eurocorps.

"Ce pourrait être dangereux. Tout dépend de la performance des forces de sécurité afghanes", a-t-il ajouté.

Les forces gouvernementales afghanes, formées et équipées par l'Otan, comptent 315.000 hommes. Un nombre qui devrait être de 350.000 fin 2012 alors que l'Isaf leur aura transféré dans quelques semaines le contrôle de la sécurité sur plus de 50% du territoire.

L'Eurocorps enverra près de 300 soldats sur place en deux contingents qui se relaieront par périodes de six mois au cours de 2012, à l'exception des responsables d'état-major qui partiront un an.

"GAGNER LES COEURS ET LES ESPRITS"

La majorité appartiennent aux cinq nations "cadres" (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Espagne), quelques uns aux quatre nations "associées" (Pologne, Grèce, Italie, Turquie).

Leur tâche consistera notamment, au sein du commandement interallié de l'Isaf, à évaluer les besoins de l'armée afghane.

Yvan Reymann, un adjudant chef français de 50 ans qui a participé à la première mission de l'Eurocorps en Afghanistan, en 2004-2005, repart avec le même objectif: "gagner les coeurs et gagner les esprits".

La cellule où il oeuvrera est chargée "de trouver les personnalités clés qui pourront assurer cette transition."

Pour sa préparation, il a renforcé son anglais, mais aussi pris des cours de dari, l'une des deux langues officielles de l'Afghanistan.

Quant au danger, "ce sera comme ce que l'armée française a connu en Algérie", assure-t-il, en reconnaissant que la peur fait partie du métier.

Pour les Nations unies et d'autres organisations, les violences en Afghanistan ont atteint leur point le plus grave en 2011 depuis l'éviction des taliban de Kaboul à la fin de l'année 2001.

Le commandant en chef de l'Eurocorps, le général français Olivier de Bavinchove, a néanmoins fait part d'un optimisme mesuré.

"Dire que c'est facile serait mentir", a-t-il dit de Kaboul où il est depuis le 1er novembre chef d'état-major de l'Isaf et d'où il intervenait en visioconférence.

"Des progrès ont été engrangés", a-t-il ajouté en évoquant des pertes pour les forces internationales de 20% inférieures en 2011 à celles de 2010.

Il voit "une vraie rupture" dans le fait que la rébellion aurait renoncé aux affrontements classiques au profit d'actions indirectes tels que les attentats, un signe d'affaiblissement des taliban selon lui.

édité par Patrick Vignal