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Israël

"Une guerre de vengeance": un Israélien refuse de faire son service militaire, une première depuis le 7 octobre

Tal Mitnick a écopé de trente jours de détention pour avoir refusé d'effectuer son service militaire, une première depuis le 7 octobre.

Tal Mitnick a écopé de trente jours de détention pour avoir refusé d'effectuer son service militaire, une première depuis le 7 octobre. - Capture d'écran Youtube EBCO

L'Israélien, Tal Mitnick, 18 ans, a refusé ce mardi 26 décembre d'effectuer son service militaire car il ne veut pas participer à un "bain de sang" "au nom de la vengeance". Pour ce refus, il a écopé de trente jours de détention.

Depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, l'armée israélienne bombarde sans relâche la bande de Gaza. Une riposte militaire à laquelle s'opposent certains jeunes Israéliens, détonnant avec la grande majorité de la population, traumatisée, soutenant ardemment son armée.

L'un d'entre eux, Tal Mitnick, 18 ans, a refusé ce mardi 26 décembre d'effectuer son service militaire, normalement obligatoire. Il est le premier "objecteur de conscience", autrement appelé "refuznik" dans le pays, depuis le début de la guerre contre le Hamas.

Dans une lettre, publiée en intégralité par Libération, le jeune Israélien explique pourquoi il "refuse de s'enrôler dans l'armée".

"Je refuse de croire que plus de violence nous garantira plus de sécurité, je refuse de participer à une guerre de vengeance", martèle-t-il car pour lui "il n'y a pas de solution militaire à un problème politique".

"Un cycle de violence"

"Même avec toute la violence du monde, nous ne pourrions pas effacer le peuple palestinien ou son lien avec cette terre, tout comme le peuple juif ou notre lien avec cette même terre ne peuvent pas être effacés", déclare Tal Mitnick parlant d'un "cycle de violence" et d'une logique "œil pour œil, dent pour dent" qui "ne conduit qu’à plus de tueries et de souffrances".

Si pour le Hamas comme pour Tsahal et la classe politique, "la violence est la seule solution", il souligne "qu'après des semaines d’opérations terrestres à Gaza, au bout du compte, ce sont des négociations et un accord qui ont permis le retour d’otages".

Il ajoute: "Après une politique de longue haleine destinée à imploser, c’est nous qui sommes envoyés pour tuer et être tués à Gaza. Nous ne sommes pas envoyés pour nous battre pour la paix, mais au nom de la vengeance. J’avais décidé de refuser de m’enrôler avant la guerre, mais depuis qu’elle a commencé, je suis d’autant plus convaincu de ma décision".

"Bain de sang"

Tal Mitnick appelle à ce qu'un "changement" vienne "des peuples des deux nations" pour "mettre en place une alternative – au Hamas, et à la société militariste dans laquelle [ils vivent]".

"Ce changement interviendra lorsque nous reconnaîtrons les souffrances endurées par le peuple palestinien ces dernières années, et le fait qu’elles sont le résultat de la politique israélienne", abonde-t-il.

Ce refus de pénétrer la base militaire de Tel Hashomer, près de Tel-Aviv où il était attendu mardi lui a valu la prison. Tal Mitnick a écopé de trente jours de détention rapportent Ouest-France et le Times of Israel.

Dans ce pays où le service militaire est obligatoire à partir de 18 ans - les hommes s'engagent pour 30 mois et les femmes pour 24 mois -, les jeunes qui ne se plient pas à la loi risquent en effet un séjour en prison. Il n'est pas rare que de jeunes Israéliens fassent défection, mais Tal Mitnick est le premier sanctionné depuis les attaques terroristes.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état ce jeudi 28 décembre de 21.320 morts et 55.603 blessés depuis le début des bombardements israélien à Gaza.

Juliette Brossault