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Israël

La justice israélienne doit trancher sur le sort de Mohammed Allan, un détenu en grève de la faim

Une Palestinienne tient une affiche représentant Mohammed Allan

Une Palestinienne tient une affiche représentant Mohammed Allan - Hazem Bader-AFP

La justice israélienne est mise dans une situation des plus délicates par Mohammed Allan, un prisonnier palestinien gréviste de la faim, et déterminé. Le libérer, le garder enfermé et risquer sa mort, ou le nourrir de force? Chaque décision fait redouter une nouvelle escalade de violence au Proche-orient.

Il venait de se réveiller mardi d'un coma dans lequel il était tombé la semaine passée, des suites d'une grève de la faim commencée le 18 juin dernier. Pourtant loin de se réjouir, Mohammed Allan est inflexible: Israël a 24 heures pour régler son cas, faute quoi il refusera à nouveau de s'hydrater, selon une information rapportée ce mercredi par l'AFP. 

La Cour suprême n'avait toujours pas statué sur son sort ce mercredi après-midi, malgré des informations sur une détérioration de son état. De nouveaux examens ont conclu que le cerveau du prisonnier, actuellement dans un hôpital d'Ashkélon, était atteint, selon le Club des prisonniers palestiniens, une organisation qui soutient les détenus. Les avocats de Mohammed Allan débattent désormais pour trouver une porte de sortie qui sauverait la vie du prisonnier et permettre aux deux parties de ne pas paraître céder sur de trop nombreuses exigences. 

Un régime d'emprisonnement sans inculpation

Ce prisonnier palestinien, arrêté en novembre 2014, mais encore inconnu il y a deux mois, est devenu le symbole d'une lutte contre la détention administrative d'Israël. Ce régime d'emprisonnement permet aux autorités de détenir un suspect sans inculpation, et ce pendant six mois renouvelables indéfiniment.

Les partisans de ce régime le défendent en invoquant la nécessité de mettre à l'écart des individus présumés dangereux et l'impossibilité, pour des raisons supérieures de sécurité, de rendre publiques certaines preuves retenues contre eux. Les détracteurs dénoncent la détention administrative comme attentatoire aux droits fondamentaux. Elle est l'un des grands motifs de protestation palestiniens contre les agissements israéliens.

Un risque d'embrasement des tensions

Cet avocat de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, est suspecté par Israël d'être l'un des membres du Jihad islamique, une organisation considérée comme terroriste par l'Etat hébreu. 

Mais son sort divise très largement l'opinion du pays. Sa mort risquerait d'aggraver davantage des tensions entre Palestiniens et Israéliens. Le Jihad islamique a d'ailleurs déjà prévenu qu'il ne serait plus tenu à la trêve si Mohammed Allan venait à mourir en prison. D'un autre côté, si le gouvernement cède et accepte sa libération, il prendrait le risque de voir se multiplier des grèves de la faim parmi les quelques 340 Palestiniens détenus sous le même régime.

En dernier recours, le gouvernement peut le nourrir de force

Pourtant le gouvernement avait proposé de libérer le prisonnier, à condition qu'il accepte de quitter le pays pour 4 ans. Une disposition formellement rejeté par son avocat, alors que Mohammed Allan était encore dans le coma.

Faute de compromis, le gouvernement pourrait être appelé à prendre une décision susceptible elle aussi de provoquer l'ire des Palestiniens, celle de nourrir de force le détenu, et d'appliquer ainsi pour la première fois une loi adoptée fin juillet, justement pour parer à de telles situations.