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"Ils testaient nos limites": ces soldates israéliennes avaient signalé des agissements suspects du Hamas

Le rôle de ces jeunes soldates consiste à observer les comportements suspects autour de la frontière de la bande de Gaza. Plusieurs semaines avant les attaques, elles ont alerté leur hiérarchie de mouvements inhabituels.

L'émotion a laissé place à de nombreuses questions, toujours en suspens. Alors que la France rend hommage, quatre mois plus tard, à ses citoyens tombés lors des attaques du Hamas du 7 octobre, en Israël, de nombreuses interrogations se posent quant aux responsabilités dans ces attaques terroristes.

À ce sujet, les journalistes de BFMTV de "Ligne Rouge" ont pu rencontrer des "observatrices", ces jeunes soldates de l'armée israélienne chargées d'observer, via un système de vidéosurveillance élaboré, la frontière entre l'État hébreu et la bande de Gaza.

Les semaines qui ont précédé les attaques, celles-ci avaient observé des mouvements suspects côté palestinien et en avaient averti leur hiérarchie. Leur témoignage est à retrouver en intégralité dans le documentaire 7 octobre: enquête sur une tragédie, diffusé ce mercredi 7 octobre à 20h50 sur BFMTV.

"Quelque chose qui aurait du alerter"

Contactée par BFMTV, l'une de ces observatrices rappelle dans un premier temps quel est son rôle au sein de Tsahal.

"Vous êtes responsable de la vie des Israéliens qui vivent autour de Gaza. Si quelque chose arrive pendant votre quart de travail, c’est censé être de votre faute. Vous êtes aussi les yeux des combattants sur le terrain", dit-elle.

Ces soldates ne sont pas armées, mais lorsque des suspects approchent de trop près de la frontière, elles ont le pouvoir d'orienter les hélicoptères et troupes au sol dans cette direction. Or, depuis avril 2023, plusieurs d'entre elles sentaient le vent tourner, et observaient d'étranges mouvements.

"On a commencé à voir des entraînements. Ces derniers temps, leur fréquence a augmenté, il y avait cinquante personnes voire plus, c’est quelque chose qui aurait dû alerter. Dernièrement, au lieu de deux voitures, c’était dix camionnettes, plusieurs fois par jour", se rappelle-t-elle.

Selon cette soldate, à plusieurs reprises, les individus qui s'approchaient de la frontière observaient plus en détails le système de vidéosurveillance et de protection mis en plus entre l'enclave palestinienne et Israël.

"Ils s’arrêtaient à chaque endroit, regardaient nos caméras, inspectaient la clôture, ses portes, ils calculaient combien de temps mettaient nos forces à arriver et avec quels effectifs. Ainsi, petit à petit, ils testaient nos limites", martèle-t-elle.

"Je ne suis pas commandante"

À la vue de ces mouvements suspects, les observatrices ont à plusieurs reprises rédigé des rapports à leur hiérarchie, mais n'ont jamais eu de réponses.

"Je ne m’attendais pas non plus à avoir un retour de leur part, c’est ainsi que fonctionne le système, je ne suis pas à leur niveau. Je n’ai pas suivi de cours d’officiers, je ne suis pas commandante, un simple soldat sans grades sur les épaules", dit-elle.

Depuis les attaques du 7 octobre, de nombreuses critiques visent le gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu en tête. Le Premier ministre de l'État hébreu a finalement reconnu, fin octobre, sa responsabilité dans les attaques, rappelle Radio France.

Les observateurs se questionnent également quant aux failles des services de renseignement et de défense. Tel-Aviv est pourtant connue pour avoir comme atout des services secrets de pointe.

Selon Les Échos, un commandant de l'armée israélienne aurait également menacé un officier d'une unité d'élite qui souhaitait l'alerter d'une potentielle proche attaque. "Je ne veux plus entendre parler de ces débilités, si vous continuez à m'en parler, vous passerez en cour martiale", avait-il lancé.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV