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Iran

L'UE trouve un accord pour sanctionner les responsables de la répression en Iran

Manifestants de soutien au mouvement iranien à Istanbul, le 2 octobre 2022.

Manifestants de soutien au mouvement iranien à Istanbul, le 2 octobre 2022. - Bulent Kilic

Plus de 100 personnes ont été inculpées en Iran dans le contexte des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini après son arrestation par la police des moeurs. Les sanctions de l'UE doivent être confirmées lundi.

Les 27 membres de l'Union européenne ont donné leur accord pour sanctionner les responsables iraniens impliqués dans la répression des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, a-t-on appris mercredi de sources diplomatiques.

L'accord politique trouvé par les ambassadeurs à Bruxelles doit être confirmé par les ministres des Affaires étrangères de l'UE lors de leur réunion lundi à Luxembourg, a-t-on précisé de mêmes sources.

Un mouvement de contestation secoue l'Iran depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique pour les femmes, en particulier le port du voile.

Depuis sa mort, des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées lors de rassemblements qualifiés d'"émeutes" par les autorités, alors que des centaines d'autres ont été arrêtées dans plusieurs villes du pays.

Avoirs gelés, interdits de présence dans l'UE

"Nous devons demander des comptes aux responsables de la répression des femmes. Le moment est venu de les sanctionner. La violence choquante infligée au peuple iranien ne peut pas rester sans réponse", a déclaré ce mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Les députes européens ont réclamé d'inscrire sur la liste noire de l'UE "des responsables iraniens, notamment toutes les personnes associées à la "police des moeurs" dont la complicité ou la responsabilité dans la mort de Mahsa Jina Amini et les violences contre des manifestants est prouvée". Les personnes sanctionnées par l'UE pour violation des droits humains sont interdites dans l'UE et leurs avoirs dans les États membres sont gelés.

Le 12 avril 2011, l'UE avait mis en place des mesures restrictives pour sanctionner les violations graves des droits humains en Iran.

Des mesures supplémentaires ont été ajoutées le 23 mars 2012, notamment un embargo sur les équipements pouvant être utilisés pour la répression interne et sur les équipements pouvant être utilisés pour surveiller ou intercepter l'Internet et les communications téléphoniques sur les réseaux mobiles ou fixes. Ces sanctions sont en vigueur jusqu'en 2023.

Des sanctions britanniques américaines et canadiennes

Après les États-Unis et le Canada, le Royaume-Uni a également annoncé lundi des sanctions contre la police des moeurs iranienne et des responsables politiques et sécuritaires du pays, les accusant de réprimer les manifestations. Londres a décidé en outre de sanctionner cinq autres responsables de la République islamique, dont le commandant en chef de la police nationale ainsi que le chef de la milice paramilitaire des Bassidj, liée au Corps des Gardiens de la révolution, armée idéologique de l'Iran.

Ces personnalités iraniennes ne pourront plus voyager au Royaume-Uni et leurs avoirs dans le pays, ou ailleurs dans le monde, seront gelés.

L'Autorité judiciaire iranienne a annoncé mercredi "la mise en accusation de 60 personnes" à Téhéran et de 65 autres dans la province d'Hormozgan (sud), arrêtées lors des "récentes émeutes", a indiqué Mizan Online, le site de la justice iranienne, sans préciser les chefs d'inculpation.

Le 25 septembre, les médias iraniens avaient annoncé l'arrestation de 88 manifestants à Hormozgan et près de 1.200 d'autres dont 60 femmes dans le nord du pays.

"Désormais, ceux qui attaquent la vie et les biens des gens, des policiers et des militaires et des installations urbaines ou encouragent et incitent les gens à l'émeute, seront traités de manière décisive", a affirmé Ali Salehi, le procureur de Téhéran, cité mercredi par Mizan Online.

S.C avec AFP