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Iran

EDITO - L'Iran, la bombe et les opposants

Un parterre de prestige était présent à la conférence organisée par les Moudjahidines du peuple iranien, à la Mutualité. Octobre 2013.

Un parterre de prestige était présent à la conférence organisée par les Moudjahidines du peuple iranien, à la Mutualité. Octobre 2013. - -

Deux politiques américains, un républicain et un démocrate, étaient à Paris pour participer à une conférence organisée par les Moudjahidines du peuple iranien. L'occasion de parler de l'Iran, du nucléaire et de l'opposition aux mollahs.

Ces derniers jours, l'activité des Moudjahidines du Peuple d'Iran à Paris s'est accrue contre la nouvelle diplomatie du gouvernement de Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran.

Rien d'étonnant à cela, c'est leur manie. Ce qui est plus rare, c'est la vision de l'ancien président du parti démocrate Ed Rendell, et de l'ancien président du parti républicain Michael Steele, tous deux à Paris ensemble afin de réitérer leur soutien à la ligne dure de l'Occident contre les Mollahs.

Mais comment faire alors que la présidence de Hassan Rohani propose la main tendue? Voyons le Démocrate, puis le Républicain.

> Rendell veut saisir la main tendue de Rohani

Le démocrate américain Ed Rendell
Le démocrate américain Ed Rendell © -

Pour Rendell il faut la saisir, même si Rohani n'est pas un modéré authentique. Serait-il plutôt un pragmatiste lui aussi? Sans doute. Un pragmatiste iranien, qui pense qu'il peut encore jouer un jeu avec l'Occident, en multipliant les manœuvres dilatoires afin de ne jamais laisser les inspecteurs internationaux de l'AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) faire irruption dans la totalité des sites iraniens.

(Pour l'heure, les inspecteurs ne peuvent que visister une liste d'endroits prévue par le gouvernement iranien, ce gouvernement qui ne répond substantivement à aucune question concernant quoi que ce soit d'autre. Et c'est dans le "quoi que soit d'autre" que tout le programme des détonateurs nucléaires est mené).

En définitive, pour ce démocrate si proche d'Hillary Clinton, son parti ne veut pas bombarder l'Iran. Car des innocents mourraient, les cibles sont incertaines, Israël pâtirait d'une vengeance, et donc il n'y a pas d'autre choix que de se saisir de la main tendue, pour voir, sans forcément y croire.

Et puis comme Rendell est quand même présent à Paris à l'invitation des Moudjahidines du Peuple (pour ce voyage-ci il n'a accepté que le défraiement, sans aucun émolument de conférencier ce qui peut tourner autour des 15 milles $), il ajoute que les membres de ce groupe iranien anti-Mollahs présents en Irak, lâchés par l'armée américaine lors de son repli, sont encore tourmentés par la police spéciale du président irakien Nouri al-Maliki.

Des douzaines d'entre eux ont été depuis quelques mois tués dans espèces de ratonnades policières et militaires indignes. Or Maliki arrive bientôt à Washington, et Rendell voudrait qu'Obama lui impose de relâcher ces personnes, et que ce même Obama les accueille tous - quelques centaines - sur une base américaine dans le Pacifique ou pourquoi pas à Guantanamo! (Rendell aime l'ironie). Enfin Obama a une menace à user contre Maliki: l'aide financière américaine.

> Alors Steele le Républicain dit-il mieux?

Le républicain américain, Michael Steele
Le républicain américain, Michael Steele © -

En fait, Michael Steele voudrait que la discussion avec le nouveau gouvernement iranien soit LIÉE au sort des misérables otages Moudjahidines à Baghdad. Comme disait Ronald Reagan: "Faire confiance, mais vérifier quand même", donc les dires de Rohani sont à vérifier toujours et encore. Steele le reaganien semble penser que la ligne dure, avancée avec l'apparente nonchalance de l'ancien président, peut produire des résultats: donner un ultimatum à Maliki sur l'arrêt de la persécution des Moudjahidines du Peuple d'Iran présents en Irak, contre à la fois le maintien de l'aide américaine à l'Irak et la poursuite des négociations avec l'Iran! Reagan aurait aimé.

L'Élysée et la Maison Blanche aimeront moins, aucun des deux n'ayant vraiment vigoureusement défendu les Moudjahidines du Peuple, c'est le moins que l'on puisse dire.

Harold Hyman et spécialiste de géopolitique